Les amibes de mes amis ne sont pas mes amies
Amibes - n. f. : Organisme unicellulaire considéré ou non, selon les systèmes de classification, comme animal. La cellule est composée d’une fine membrane, une couche semi-rigide d’ectoplasme, un endoplasme granuleux et un noyau ovale.
La taille moyenne de l’organisme est de 0.025 millimètres. Certaines espèces vivent sur les plantes aquatiques, d’autres dans le sol humide, et d’autres enfin parasitent les animaux.
Peu de photos dans ce nouvel article, je ne voudrais couper l’appétit à personne ! En effet, lorsque la définition parle des animaux qui peuvent être parasités, je vous prie de croire que l’homme en fait partie. En tout cas l’homme blanc de 37 ans, si possible suisse et expatrié au Cameroun (ce sont des conditions très propices à un parasitage !).
Mais allons-y dans l’ordre…
Parmi toutes les amibes, ma préférence va sans doute à Entamoeba histolytica, petite bêbête de 20 à 40 microns qui se nourrit exclusivement de sang humain. Elle raffole des conditions d’hygiène précaires (pas d’égoûts, pas d’eau courante) et parvient tout de même à infecter environ 50 millions de personnes chaque année et à en tuer 70′000, surtout à cause de complications. Cette amibe survit en dehors du corps humain sous forme de kystes, qui vont être avalés via une eau souillée et se développer ensuite dans l’hôte.
Mais comment Christophe a-t-il bien pu se faire contaminer ? La question demeure car nous sommes très vigilants à ce que nous buvons et mangeons et nos amis savent que nous sommes plus sensibles qu’eux. Mais les coupures d’eau étant assez fréquentes, il est fort probable que nous ayions mangé une fois ou l’autre dans des assiettes ou bu dans des verres mal essuyés et contaminés.
Comment sait-on qu’on a des amibes ? Excellente question ! Dans mon cas, diarrhée aigüe, ventre dur, distendu et ballonné et impossibilité de se mettre en position horizontale. Là où cela devient cocasse (quoique je n’aurais pas utilisé ce mot exact à ce moment précis), c’est que l’eau était coupée pendant toute la nuit. Il fallait donc rincer les toilettes avec l’eau puisée dans un tonneau en plastique, dont le niveau baissait régulièrement à chaque passage. Le matin, Caroline est allée demandée aux voisins si, eux aussi, ils n’avaient plus d’eau. Et nous avons alors découvert que seule notre maison en était privée. Ce fut aussi l’occasion de découvrir le petit robinet extérieur qui sert à complétement couper l’arrivée d’eau dans la maison et qu’un plaisantin nous ferme au moins une fois par jour depuis une semaine (hier samedi : 3 fois!). On va prévenir les gardiens qui surveillent le camp et si je choppe le gamine ou l’adulte qui s’amuse à ce petit jeu, je vais le sermonner avec sévérité… après l’avoir fessé copieusement !
Bref, lundi matin, sur les conseils d’un ami français domicilié depuis plus de 10 ans au Cameroun, j’ai fait apporter par mon épouse un échantillon de selles au laboratoire de l’hôpital protestant. Et Caroline a pu m’annoncer un peu plus tard que j’avais des kystes d’amibes dans l’organisme. C’est une forme précoce de l’amibiase. On a donc traité cela rapidement avec un des médicaments disponibles ici… et j’ai commencé à m’inquiéter car la page de Wikipedia consacrée à l’amibiase mentionne que c’est insuffisant pour se débarasser complétement de ces bestioles. Un petit mail à un ami pédiatre norvégien qui était au Cameroun en même temps que nous il y a 10 ans et je me trouvai rassuré : il me faudra simplement faire des tests supplémentaires à mon retour et terminer éventuellement le traitement. Mais la probabilité que je sois encore contaminé est forte…
Ce qui est fort !!! Parce que j’ai réussi à vivre 3 ans au Cameroun sans attraper d’amibes… et là, j’ai résisté 3 semaines ! Brillant !
Classé dans: Insolite, Vie locale le 14 mars 2010
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