Le derrière du Babouin… ou Dieu existe vraiment !

Le titre est obscure, vous allez comprendre. Si vous avez le courage de lire jusqu’au bout….

Comme en Suisse, nous avons ici deux semaines de vacances pour Pâques. Nous nous sommes donc arrangés avec une famille norvégienne pour partir ensemble au Parc national de Boubandjida. Ce parc, mitoyen du Tchad, est réputé pour la richesse de sa faune. Mi-mars, nous apprenons qu’une cinquantaine d’hommes armés venant du Soudan ont pénétré dans le parc depuis la frontière tchadienne et ont tué au moins 27 éléphants et 2 gardes-villageois. Depuis, l’armée stationne dans le parc…

La situation s’étant un peu calmée fin mars, nous décidons de partir tout de même. Nous souhaitons partir le jeudi 1er avril et revenir un ou deux jours plus tard. Un coup de téléphone satellite plus tard, nous apprenons qu’il ne reste qu’une chambre libre. Les Norvégiens, qui ont besoin de 3 chambres, décident de partir le vendredi et, de notre côté, nous prenons l’option de quitter comme prévu jeudi matin pour passer 2 nuits dans le parc.

Jeudi matin, 9h30, c’est le départ. Il nous faut tout d’abord avaler 190 km de goudron en direction de Garoua au Nord. Notre Rav4 s’en sort très bien. Ensuite, nous attaquons 70 km de piste, jusqu’au gros village de Tcholliré. La piste est un peu difficile, nous avançons pendant 16 km à moins de 35 km/h. Et là, soudain, le moteur s’arrête…

Bon, j’avais quand même fait l’effort de faire réviser entièrement la voiture avant de partir. Ce qui n’est pas d’un grand réconfort au bord d’une piste poussiéreuse en pleine chaleur de midi. Nous essayons de ne pas paniquer devant les enfants, mais personne n’en mène bien large devant cette voiture qui refuse obstinément de démarrer. La piste n’est guère fréquentée. Au bout de 30 minutes, une moto-taxi arrive. Son passager essaie de nous aider à diagnostiquer la panne… sans succès. Je demande donc au taximan, qui va jusqu’au goudron (entendez la route principale Ngaoundéré-Maroua) de revenir avec un second taximan pour chercher Caroline et les enfants. Je veux les faire revenir vers le goudron où il y a le réseau pour les téléphones mobiles et des minibus réguliers en direction de Ngaoundéré. En attendant le retour des motos, nous croisons encore quelques motos et une pick-up surchargé qui va à Tcholliré, dans l’autre direction donc. Avec l’aide de chacun, j’arrive à me faire à l’idée que la panne a pour cause un manque d’essence dans le moteur. Comme le réservoir est encore pleine aux ¾, la pompe à essence doit avoir un problème. Un taximan qui se rend à Tcholliré, à 54 km, propose de revenir avec un bon mécanicien. Je lui confie 5000 FCFA pour l’essence de la moto, sans savoir du tout si je peux vraiment avoir confiance.

Les deux motos reviennent enfin chercher Caroline et les enfants. Je les laisse partir pour rester seul avec la voiture. Dans la voiture, il fait chaud. Il y a bien des arbres à l’extérieur, mais il sont peu touffu et ne font que peu d’ombre. De plus, une multitude de mouches me tourne autour, essayant sans cesse de se poser sur mon cou et mes oreilles. La température est assez costaude, sans doute plus de 40° C. C’est la pleine saisons sèche.

Après une heure tout seul, je me remets au volant et mets le contact, pour voir. La voiture démarre ! Je m’empresse de faire quelques dizaines de mètres afin de trouver un endroit propice pour faire demi-tour. Je fonce ensuite pour avaler les 16 km qui me sépare de ma famille. Au bout d’un kilomètre et demi, le moteur s’arrête.

Le taximan qui avait emmené Caro revient, avec un autre client. Il me dit qu’il l’a bien déposée mais qu’elle n’arrive pas à appeler avec son mobile. Problème de réseau ? Je reste encore 30 minutes seul et un autre taximan, avec une cliente, s’arrête. Je suis désespéré. Que va faire Caroline, seule avec les enfants, si elle ne peut pas appeler ?? Je décide d’abandonner la voiture sur la piste et demande au taximan de m’envoyer une autre moto depuis le prochain village, à 15 km. En attendant, je prépare mes bagages, pour emporter le maximum de choses avec moi, car il est probable que la voiture soit pillée si on la laisse seule au bord de la piste.

Je tente à nouveau de mettre en marche la voiture, qui redémarre. Je roule à tombeau ouvert sur la piste caillouteuse. J’arrive à une rivière, un pont en béton la traverse, mais il est précédé de mauvais caillou et les tiges de fer du béton dépassent. Je suis obligé de ralentir. La voiture passe avec fracas et commence à remonter de l’autre côté… avant de caler.

Un camion de la SODECOTONEn plus de 2 heures, j’ai gagné ainsi 4 km environ. Mais que faire maintenant : attendre la moto ? Retenter encore de démarrer après 30 ou 40 minutes ? Arrive alors un gigantesque camion, avec remorque, de la SODECOTON, société qui détient le monopole de la récolte et de la transformation du coton. C’est le premier véhicule à 4 roues qui va dans la même direction que mois depuis plus de 4 heures de temps. Je lui demande s’il peut me remorquer jusqu’au goudron. Ils n’ont pas de corde, mais moi oui. Je m’en étais procuré une, de faible qualité, la veille du départ.

La corde est courte. Une fois attaché derrière la remorque, je suis à 1 m 50 au plus du camion. Pas intérêt à devoir freiné brusquement. Nous partons, d’abord doucement, puis de plus en plus vite. Aussi près du camion, j’ai le freine à main tiré presque en permanence pour éviter de rentrer dans le camion dès qu’il ralentit un peu. Cela devient bientôt presque impossible de voir le camion à cause de la poussière qu’il projette sur mon parebrise. Lors d’un passage caillouteux, il ralentit et en repartant, la corde de remorquage cède… à une extrémité heureusement. On rattache et, au moment de repartir, arrivent deux motos. Sur l’une, le taximan parti chercher un mécanicien… qui est assis derrière. Sur l’autre, le taximan qui était venu me chercher moi. Ils sont blancs de poussière ! Nous convenons avec le mécanicien, Abdoulaye, qu’il est plus sage de terminer de remorquer la voiture. Une réparation sur le bord ‘une piste, c’est pas top. Il monte avec moi en voiture. Commence alors les 20 minutes les plus stressantes de ma vie. A moins de 2 mètres derrière un camion roulant fort sur la piste, avec une visibilité presque nulle à cause du sable et dans un habitacle surchaufé (on ne peut pas ouvrir les fenêtres à cause de toute la poussière), je ne peux que prier d’arriver entier et de ne pas rentrer dans le camion !

Et miracle, le goudron apparaît enfin. Les enfants sont fous de joie de me revoir. Caroline était en train de voir avec un Français et un Tchèque, chacun avec un GROS véhicule en partance pour le parc de Boubandjida, comment faire. Un habitant du petit village lui avait prêté son téléphone, qui lui avait du réseau (!) et Caro avait appelé notre ami norvégien, le pasteur Tom, à la rescousse. Il avait décidé de partir sur le champ pour venir nous chercher, malgré les 2 heures 30 de route…

Le mécanicien se met au travail et nous remarquons qu’une roue est à plat. Le camion m’a tiré à une telle vitesse qu’un pneu a rendu l’âme. Une fois la pompe à essence démontée, on découvre qu’il y avait beaucoup de saleté et que la pompe a rendu l’âme à cause de cela. Prévoyant, le mécanicien avait pris une pompe de rechange avec lui… mais ce n’est pas le bon modèle ! C’est alors que le gentil musulman qui avait déjà aidé Caro revient avec une pompe qu’il garde en réserve pour sa Corolla. Bingo, c’est le bon modèle… On remonte le tout et cela redémarre sans aucune problème ! Il ne me reste plus qu’à remercier, pécuniairement, tout le monde. C’est alors que Tom arrive de Ngaoundéré. Il est très étonné de voir que notre voiture fonctionne à nouveau. Nous repartons ensemble dans la nuit pour les 190 km qui nous sépare de Ngaoundéré.

Pas trop dégoûtés, nous décidons de retenter l’aventure en partant, à deux voitures cette fois, avec les Norvégiens, le lendemain matin. Ils sont fous ces Suisses !!! Et vous verrez que nos déboires vont continuer…

Après avoir lu le récit de cette aventure, vous êtes en droit de vous demander le rapport exact avec le titre du billet…

Pendant toute la journée, je n’ai pris qu’une seule photo. Pas une photo de la voiture en panne avec le paysage alentour. Ni du camion qui m’a remorqué. Ni de tous les gens qui se sont arrêtés dans l’espoir de nous aider, dans la plus pure tradition de l’entraide mutuelle sur les pistes africaines.

Non, je n’ai pris qu’une seule photo. Celle d’un babouin, croisé pendant que j’attendais des secours. Et comme il ne s’est pas attardé, j’ai eu surtout son derrière…

Le derrière du babouin

Et Dieu dans tout cela ? Avant de partir, nous avions prié pour que le voyage se passe bien, en toute sécurité. Comme l’a très justement dit Nathan : « Dieu, il a pas empêché que la voiture elle ait une panne ! ». Non, mais alors que nous arrivions à Ngaoundéré dans la nuit, avec un véhicule en état de marche, tous entiers, après avoir été aidés, remorqués, dépannés, difficile de se dire que Dieu n’a pas été présent à nos côtés ce jour-là. A chaque minute… Non, parce que faut pas pousser : nous dégotter le bon modèle de pompe à essence dans un petit village africain, Il est vraiment costaud Dieu !!!!!

4 Réponses à “Le derrière du Babouin… ou Dieu existe vraiment !”

  1. Eh, ben, quelle aventure! Bravo pour votre courage à tous dans des situations difficiles! Eh, oui, Dieu existe!
    Amitiés, Jiji

  2. WOW! what a trip - we travelled to same park - it was wonderful! but, we had our old trusty Hilux truck - rough and ready for ALL those pitfalls!
    We really enjoy your misives… wish we were with you, our love J&V
    Indeed Christ is Risen!

  3. vous ètes très courageux , bravo! et le Christ ressucité vous a protégé et envoyé les bonnes personnes :-)
    bises à tous les 4 Danielle

  4. Hello les intrépides voyageurs!
    Vos aventures ne manquent pas de suspense!
    Que d’émotions!
    C’est toujours un plaisir de vous lire.
    Les animaux que vous avez rencontrés me fascinent; cela doit être magnifique de les voir dans la nature. Mais ils faut être bien courageux pour prendre la route pour se rendre jusqu’à eux…
    Le groupe des enseignants chrétiens pense à vous et vous souhaite une bonne suite se séjour.
    Bisous ensoleillés.
    Ariane

Laissez un commentaire

Comment spam protected by SpamBam