Ecologie I - mal de tête

Lorsqu’on a un peu la fibre écolo, vivre au Cameroun donne souvent mal à la tête. A force de s’arracher les cheveux ! (je comprends enfin pourquoi mes cheveux se font de plus en plus rares).

Où que l’on regarde autour de soi, difficile d’être très optimiste. Il n’y a pas grand chose de durable… Prenons quelques exemples, en guise de réflexion. Je ne saurai critiquer ce qui se passe ici, les mauvais exemples sont souvent venus des pays riches et l’éducation à l’écologie peine à apparaître. Je vais donc balayer devant ma porte… mais que faire de ce que j’aurai balayé ???

Un cours d’eau bien pollué


L’invention la plus merveilleuse importée des pays riches, pour commencer, puis massivement de la Chine et du Nigéria voisin, c’est évidemment le plastique. Pas plus que chez nous il n’est possible d’y Utiles, durables ?échapper. Une multitude d’objets et de biens sont vendus en ou dans cette matière. Les récipients sont généralisés et, même si le plastique est souvent de faible qualité et ne dure ainsi pas bien longtemps, cela peut encore apparaître comme un usage relativement noble. On ne peut en dire autant des emballages. Quoi que vous achetiez ici (pagne, poisson, farine, jus,…), il sera forcément emballé dans un plastique noire, de faible qualité. Si bien qu’il faut souvent “doubler” le plastique. Les boissons sont directement dans un petit sachet transparent avec un noeud. Pour boire, on croque un coin du cornet, on boit et…. on jette le plastique par terre.

Des plastiques sur le chemin du collège

Une nature souilléeCette attitude est totalement généralisée : le moindre déchet dont on doit se débarasser est simplement jeté par terre. Evidemment, un noyau de mangue aura une durée de vie plus courte qu’un sac plastique. Et si le plastique est définitivement pratique (souplesse, résistance, diversité, coloris,…), sa très longue durée de vie lui confère un inconvénient majeur : aucun sac plastique jeté dans la nature ne va disparaître ou se décomposer, en tout cas pas durant la vie de celui qui l’aura jeté. Ainsi, beaucoup de jolis endroits sont totalement défigurés par des plastiques de toutes sortes.

joli endroit… dénaturé

Drôle de cohabitation

Que faire donc ? Eduquer les gens ? Les médias en parlent déjà Les déchets, juste à côté de la benne !régulièrement, des bennes à ordure sont installées un peu partout en ville et des camions de ramassage font des tournées très régulières. Et on jette toujours par terre… juste à côté des bennes. Des tentatives ont été menées dans d’autres pays pour valoriser ces plastiques. A Mopti, les plastiques en tout genre sont ramassés, fondus et transformés en pavés. Plus durables. Quoique… notre ami norvégien Tom s’est rendu dans cette ville pour voir de ses yeux cette expérience. Bilan mitigé : l’opération est loin d’être rentable et le besoin réel de ces pavés plus que discutable.

Une piste plus intéressante semble être suivie au Rwanda. Notre amie Myriam nous disait que le gouvernement a banni les sacs plastique au profit de sac papier. Il s’agit au moins, en théorie, d’une ressource durable. A condition de bien gérer les forêts dont est issu le papier. Et de planifier le recyclage de ces emballages, moins coûteux en ressource que la fabrication de papier à partir de bois neuf.

Il y a encore trop de décharges sauvagesOn en vient là à un autre problème majeur selon moi : le tri sélectif. Au Nord Cameroun, il n’existe tout simplement pas. Si les rues de la ville sont bien plus propres qu’il y a 10 ans, c’est parce qu’une société se charge désormais de collecter les déchets dans de beaux camions-poubelles.  Aucun tri, pas d’égoût : un simple trou dans la clôture !Les gens semblent un peu jouer le jeu. Mais les déchets sont embarqués pêle-mêle, sans aucun tri préalable, directement dans une décharge à ciel ouvert. Ce type de stockage est délicat : difficile de s’assurer que les déchets vont bien rester en place et, surtout, les eaux de ruisselement peuvent être lourdement polluées et contaminer ainsi des cours d’eau avoisinant ou des nappes phréatiques. J’ai comme objectif de me faire admettre, d’ici une dizaine de jours, pour une tournée à bord du camion-poubelle. J’aimerais vraiment discuter du tri avec des responsable de cette société de collecte des déchets. Vous seriez aussi tentés ???

Des tentatives de valorisation de certains types de déchets ont été tentées par nos amis norvégiens, en particulier pour les déchets verts en vue de faire du compost. Mais réussir un compost en zone tropicale, avec une saison trop sèche et une autre trop humide, demande un grosse organisation, loin des possibilités des gens d’ici. Et l’attrait du compost face aux engrais chimiques semble bien faible, aux yeux des cultivateurs locaux.

Pourtant, les engrais chimiques ont leur limite. Outre le fait qu’ils finissent par épuiser un sol, ils ont surtout le net désavantage d’être issu de la pétrochimie. Si le cours du pétrole monte (et c’est inéluctable, rappelez-vous que nous avons déjà consommé la moitié des ressources et qu’il nous en reste grosso modo pour 40 ans), le prix de ces engrais va augmenter au-delà des moyens économiques des petits paysans. Mais cela va bien plus loin : la population du Nord Cameroun est lourdement dépendante du pétrole. En tout cas d’un pétrole à bon marché. L’eau est amenée au robinet par des pompes fonctionnant avec des moteurs diesel. Aucun train ne circule au Nord après Ngaoundéré. Les transports camions, voitures, motos) sont entièrement dépendant de l’essence. L’électricité est globalement fournie par le barrage de Lagdo, plus au nord, mais dès qu’il y a coupure ou que l’on s’éloigne des grands centres urbains, tout fonctionne avec des groupes électrogènes et du diesel. Le commerce est totalement dépendant du pétrole et je me demande vraiment qui utilisera le superbe axe, en cours de bitumage, entre Ngaoundéré et Yaoundé, lorsque le pétrole sera devenu une denrée de luxe. Il faudra bien faire local… mais avec quel savoir-faire, alors que la majorité des objets manufacturés viennent actuellement de… Chine ?

Une réponse à “Ecologie I - mal de tête”

  1. Hello!
    Voici un petit sujet vidéo à propos de pavés à base de recyclage de sacs en plastique, cette fois au Niger. Voir la fin de Global Mag de mardi 11 mai 10.
    http://plus7.arte.tv/fr/1697660,CmC=3210110.html
    A bientôt!
    Jean-Luc

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