Ecologie I - mal de tête

Lorsqu’on a un peu la fibre écolo, vivre au Cameroun donne souvent mal à la tête. A force de s’arracher les cheveux ! (je comprends enfin pourquoi mes cheveux se font de plus en plus rares).

Où que l’on regarde autour de soi, difficile d’être très optimiste. Il n’y a pas grand chose de durable… Prenons quelques exemples, en guise de réflexion. Je ne saurai critiquer ce qui se passe ici, les mauvais exemples sont souvent venus des pays riches et l’éducation à l’écologie peine à apparaître. Je vais donc balayer devant ma porte… mais que faire de ce que j’aurai balayé ???

Un cours d’eau bien pollué


L’invention la plus merveilleuse importée des pays riches, pour commencer, puis massivement de la Chine et du Nigéria voisin, c’est évidemment le plastique. Pas plus que chez nous il n’est possible d’y Utiles, durables ?échapper. Une multitude d’objets et de biens sont vendus en ou dans cette matière. Les récipients sont généralisés et, même si le plastique est souvent de faible qualité et ne dure ainsi pas bien longtemps, cela peut encore apparaître comme un usage relativement noble. On ne peut en dire autant des emballages. Quoi que vous achetiez ici (pagne, poisson, farine, jus,…), il sera forcément emballé dans un plastique noire, de faible qualité. Si bien qu’il faut souvent “doubler” le plastique. Les boissons sont directement dans un petit sachet transparent avec un noeud. Pour boire, on croque un coin du cornet, on boit et…. on jette le plastique par terre.

Des plastiques sur le chemin du collège

Une nature souilléeCette attitude est totalement généralisée : le moindre déchet dont on doit se débarasser est simplement jeté par terre. Evidemment, un noyau de mangue aura une durée de vie plus courte qu’un sac plastique. Et si le plastique est définitivement pratique (souplesse, résistance, diversité, coloris,…), sa très longue durée de vie lui confère un inconvénient majeur : aucun sac plastique jeté dans la nature ne va disparaître ou se décomposer, en tout cas pas durant la vie de celui qui l’aura jeté. Ainsi, beaucoup de jolis endroits sont totalement défigurés par des plastiques de toutes sortes.

joli endroit… dénaturé

Drôle de cohabitation

Que faire donc ? Eduquer les gens ? Les médias en parlent déjà Les déchets, juste à côté de la benne !régulièrement, des bennes à ordure sont installées un peu partout en ville et des camions de ramassage font des tournées très régulières. Et on jette toujours par terre… juste à côté des bennes. Des tentatives ont été menées dans d’autres pays pour valoriser ces plastiques. A Mopti, les plastiques en tout genre sont ramassés, fondus et transformés en pavés. Plus durables. Quoique… notre ami norvégien Tom s’est rendu dans cette ville pour voir de ses yeux cette expérience. Bilan mitigé : l’opération est loin d’être rentable et le besoin réel de ces pavés plus que discutable.

Une piste plus intéressante semble être suivie au Rwanda. Notre amie Myriam nous disait que le gouvernement a banni les sacs plastique au profit de sac papier. Il s’agit au moins, en théorie, d’une ressource durable. A condition de bien gérer les forêts dont est issu le papier. Et de planifier le recyclage de ces emballages, moins coûteux en ressource que la fabrication de papier à partir de bois neuf.

Il y a encore trop de décharges sauvagesOn en vient là à un autre problème majeur selon moi : le tri sélectif. Au Nord Cameroun, il n’existe tout simplement pas. Si les rues de la ville sont bien plus propres qu’il y a 10 ans, c’est parce qu’une société se charge désormais de collecter les déchets dans de beaux camions-poubelles.  Aucun tri, pas d’égoût : un simple trou dans la clôture !Les gens semblent un peu jouer le jeu. Mais les déchets sont embarqués pêle-mêle, sans aucun tri préalable, directement dans une décharge à ciel ouvert. Ce type de stockage est délicat : difficile de s’assurer que les déchets vont bien rester en place et, surtout, les eaux de ruisselement peuvent être lourdement polluées et contaminer ainsi des cours d’eau avoisinant ou des nappes phréatiques. J’ai comme objectif de me faire admettre, d’ici une dizaine de jours, pour une tournée à bord du camion-poubelle. J’aimerais vraiment discuter du tri avec des responsable de cette société de collecte des déchets. Vous seriez aussi tentés ???

Des tentatives de valorisation de certains types de déchets ont été tentées par nos amis norvégiens, en particulier pour les déchets verts en vue de faire du compost. Mais réussir un compost en zone tropicale, avec une saison trop sèche et une autre trop humide, demande un grosse organisation, loin des possibilités des gens d’ici. Et l’attrait du compost face aux engrais chimiques semble bien faible, aux yeux des cultivateurs locaux.

Pourtant, les engrais chimiques ont leur limite. Outre le fait qu’ils finissent par épuiser un sol, ils ont surtout le net désavantage d’être issu de la pétrochimie. Si le cours du pétrole monte (et c’est inéluctable, rappelez-vous que nous avons déjà consommé la moitié des ressources et qu’il nous en reste grosso modo pour 40 ans), le prix de ces engrais va augmenter au-delà des moyens économiques des petits paysans. Mais cela va bien plus loin : la population du Nord Cameroun est lourdement dépendante du pétrole. En tout cas d’un pétrole à bon marché. L’eau est amenée au robinet par des pompes fonctionnant avec des moteurs diesel. Aucun train ne circule au Nord après Ngaoundéré. Les transports camions, voitures, motos) sont entièrement dépendant de l’essence. L’électricité est globalement fournie par le barrage de Lagdo, plus au nord, mais dès qu’il y a coupure ou que l’on s’éloigne des grands centres urbains, tout fonctionne avec des groupes électrogènes et du diesel. Le commerce est totalement dépendant du pétrole et je me demande vraiment qui utilisera le superbe axe, en cours de bitumage, entre Ngaoundéré et Yaoundé, lorsque le pétrole sera devenu une denrée de luxe. Il faudra bien faire local… mais avec quel savoir-faire, alors que la majorité des objets manufacturés viennent actuellement de… Chine ?

La mangue dans tous ses états

Dans notre manguier, elles mûrissent bien !Le fruit-roi à cette saison (fin avril, début mai), c’est clairement la mangue. Les arbres autour de chez nous en sont lourdement chargés. Malheureusement, les enfants des environs n’ont pas attendu qu’elles soient mûres pour les cueillir. et celles qui parviennent enfin à maturité sont… dans les hautes branches.

Bien dangereux !

Les enfants grimpent donc aux arbres… et tombent parfois. Notre ami Pierre en a soigné un avec les deux bras cassés. Les fractures multiples sont légion. Nous passons donc beaucoup de temps à faire descendre les enfants des manguiers proches de chez nous. Le discours est toujours le même : “ne grimpez pas aux arbres près de chez nous. Si vous tombez, nous allons nous sentir obligés de vous emmener à l’hôpital. Et franchement, nous avons autre chose à faire !”. Pas très sympa, mais véridique.

Plus facile : acheter les mangues.

Une technique plus étudiée consiste à se munir d’un très long bâton terminé par un crochet. On accroche alors les mangues et un coup sec les fait tomber. Les plus organisés ont même une chaussette au bout du bâton, dans laquelle ils glissent la mangue pour la décrocher. Elle n’est ainsi pas gâtée par la chute.

la mangue du nordA noter qu’il existe plusieurs sortes de mangues. Les mangues traditionnels au nord sont les mangues greffées, qui deviennent belles rouges, oranges ou jaunes en mûrissant. Elles sont souvent un peu, voir très, filandreuses. La La mangue du sudmangue du sud, ou mangue émeraude, reste verte quant à elle. Elle est très sucrée et moins acide. Un vrai délice. A consommer avec un peu de modération, car la mangue facilite le transit intestinal. Prévoyez des toilettes à proximité ! Bon appétit !

Nathan sait y faire

Marie savoure aussi

Eplucher, tout un métier

Culte en brousse

Parfois, c’est bon de sortir de son train-train. Alors, on peut, par exemple, décider de partir faire culte dans un petit village en brousse. Ok, ok, c’est plus facile pour nous, au Cameroun, que pour vous, en Suisse. Mais est-ce que vous faites vraiment assez d’efforts ?

Bref, après avoir fait la connaissance d’un catéchiste qui est responsable d’une petite congrégation non loin de Ngaoundéré, nous avons été invités à nous joindre à eux pour un culte dominical. Le village de Koma n’est qu’à quelques kilomètres, à vol d’oiseau, de notre maison, mais par la route, c’est beaucoup plus long. Surtout que la piste n’est pas trop bonne. Enfin, quand il y a une piste. Au bout d’un moment, on m’a dit “c’est par là” et j’ai répondu “mais il n’y a pas de piste pour la voiture, juste un sentier”. “Si, si” qu’on m’a répondu…

Notre voiture, bien arrivée au village de Koma

Marie, en costume traditionnel !Nous sommes donc arrivés au village et rapidement, on a été le centre de l’attention des villageois. Le catéchiste, M. Belmont Tonga, a sonné la cloche (en fait, une jante de camion suspendue) et les habitants du village sont tranquillement arrivés. Belmont m’avait donné quelques statistiques sur les habitants et j’avais retenu qu’il y a plus de femmes que d’hommes. La cloche du village“Des femmes célibataires” ai-je suggéré. “Non, des polygames” m’a-t-on répondu. Cela semble se faire aussi chez les chrétiens, même si officiellement il s’agit de nouveaux convertis à qui on préfère renoncer de demander à choisir laquelle de leurs femmes ils veulent garder. En tout cas, il y a effectivement pas mal de femmes et, surtout, beaucoup d’enfants en bas âge. La natalité est plutôt forte !

Quelques maisons du village… très traditionnelles.

 

La chapelle de Koma… une des rares maisons avec de la tôle.

Les enfants à l’école du dimancheL’école du dimanche des enfants s’est terminée et, avec une fois de plus la discrétion propre à tout Blanc, on nous a installé sur deux chaises… face à l’assemblée. Vous avez vu mes Blancs, ils sont bien, non ? Bon, on a réussi à se déplacer sur le côté. Le catéchiste a conduit le culte, mais c’est à un vieux pasteur retraité qu’on a demandé de précher.Le catéchiste Il a dit que, comme il y avait des étrangers, il voulait bien précher l’Evangile… et il a commencé à le faire en fulfuldé. Je m’en sors bien avec les salutations, mais un sermon ! Alors le pasteur, plutôt que de passer au français, a proposé au catéchiste de s’asseoir près de nous et de faire une traduction simultanée. Exotique…

La congrégation, pourtant pas trop grande, compte 2 chorales. Le culte s’est déroulé selon la liturgie en vigueur dans toute l’EELC (Eglise Evangélique Luthérienne au/du Cameroun), comme ça nous avons pu suivre.

Le papa pasteur

A la sortie du culteA la sortie, salutations d’usage, puis tour du village avec le président de la congrégation. La vie est peut-être un peu plus dure, mais les gens semblent assez heureux. Attendant la pluie, les habitants sont surtout affairés à réfectionner les toits en paille. Viennent aussi des demandes, certaines assez farfelues. Il n’y a plus d’instituteur dans le village, ne pourrais-je pas faire quelques chose ???

Profiter d’un - tout petit - peu d’ombre

Avant la pluie, refaire les toitures

Le retour se fait, comme d’habitude, avec quelques passagers supplémentaires qui profitent de la voiture pour aller en ville. C’est traditionnel.

Voilà, on aura été au village. C’est une toute autre réalité que la ville… à quelques kilomètres seulement. Peut-être assez proche de ce que sera le futur du Cameroun dans un monde sans pétrole…

Caroline est TROP contente

Soyons honnête, Caroline est souvent de bonne humeur. Mais il y a des occasions où sa bonne humeur est… particulièrement…bonne ! Il n’en faut souvent pas beaucoup. Par exemple, il suffira de lui faire voir quelques girafes !

L’entrée du parc. Il reste 25 km de bonne piste.Décidés à ne pas rester sur une impression mitigée au sujet des parcs nationaux et de leur faune, nous avons décidé de repartir, mais pour une destination plus proche que Boubandjida : le Parc national de la Bénoué, à 3 heures de route de Ngaoundéré. Ce parc est moins réputé que celui de Boubandjida, mais vu que nous avions vu particulièrement peu d’animaux dans ce dernier, nous ne pouvions guère être déçus ! de plus, la rivière Bénoué, qui donne son nom au parc, abrite les gros animaux que nous vous avions déjà fait découvrir et qui restent plutôt fixes : les hippopotames.

Nathan et CinthiaHistoire de ne pas stresser trop question voiture, nous avons loué une Prado (un gros 4×4 bien polluant, sans filtre à particules) à la mission américaine. Et histoire de passer un chouette week-end, nous avons proposé à deux jeunes nutritionnistes françaises, en stage à l’hôpital,Gwendoline et Marie Cynthia et Gwendoline, de se joindre à nous. Départ donc samedi matin vers 10h30 et direction le Nord. Une fois la falaise passée (Ngaoundéré est à presque 1100 m d’altitude et, à 40 km au nord, une falaise à descendre fait perdre près de 700 m), nous avons retrouvé la chaleur du Nord. Après quelques arrêts, nous sommes arrivés au campement du Buffle Noir vers 14h30.

Les boukarous du Buffle Noir

Marie devant le lit asséché de la BénouéLe campement est en bordure de la Benoué, particulièrement impressionnante à cette saison car totalement à sec. Les énormes rochers qui font son lit sont de toute beauté ! Dans la chaleur de l’après-midi, c’est l’occasion de s’installer dans de grands boukarous, assez bien entretenus (il y a aussi de bungalows avec eau chaude, mais vu que même l’eau froide est chaude…), avec une climatisation qui se mettra en marche en même temps que le groupe électrogène, vers 18h30. Et puis, petite balade d’exploration au bord de la rivière, avec découverte de jolies traces de pattes dans le sable près de l’eau… lion ? panthère ?

De grosses traces, mais de quoi ?

Nathan.. totalement autonome !

Notre première girafe… un peu au loin.Vers 16h00, nous embarquons une guide pour partir à la découverte du parc et de ses habitants. Et Caroline ne va pas tarder à nous faire une attaque, puisqu’elle voit sa première girafe après 5 minutes. De loin, mais c’est bien une girafe, avec toutes ses pattes et même un long cou. Et la suite va s’avérer plutôt riche : le parc est plein d’antilopes, qui se font beaucoup admirer. Un jeune cob de BuffonLes cobs de Buffon sont particulièrement nombreux, mâles, femelles et jeunes. Mais nous verrons aussi des hippotragues, des céphalopes à flancs roux, des ourébis, des grands calaos (ça, c’est plutôt un oiseau). Et deux visites à des mares de la Benoué nous permettront d’admirer de près des hippos et leurs compagnons, discrets mais vigilants, des crocodiles. Nathan demande toutes les 2 secondes à la guide, plutôt taquine, si les crocos peuvent sortir de l’eau, comme ça, sans prévenir !

Un grand calao… il paraît qu’il vole !

Nathan, heureux de voir les animaux.

Une jeune cob de Buffon, toute oreilles !

On observe les hippos

Les hippos sont dans l’eau… et je les envie !

Oisifs mais attentifs….

Belle dentition !

Cohabitant avec les hippos, des crocodiles…

Sur le toit… aïe, aïe, aïe !Au retour, je m’installe avec Gwendoline et les enfants sur la galerie, afin de bénéficier d’une vue à 360°. C’est extraordinaire, mais Caroline peine à voir certains trous dans la piste et mes fesses garderont un souvenir durable de ces instants panoramiques !

De retour avec la nuit, nous apercevons une autre girafe et nous avons juste le temps de prendre une douche avant le souper. Pas d’entrée (désolé, les crudités sont finies !) mais des pommes de terres et une sauce à la viande vraiment très bonne. C’est aussi l’occasion de découvrir plus avant les équivalents français de certaines expressions camerounaises.

En parlant de boissons,

bien glacé = froid
glacé = pas chaud
un peu glacé = chaud

Bref, ma bière, ce soir-là, était “un peu glacée”. Beurk !

Et, surprise, à 19h45, la lumière se coupe et on sort des bougies. Je questionne : non, non, le groupe électrogène n’est pas en panne, il n’y a simplement plus de carburant ! Bon, il faut dire que, la veille, Monsieur le Ministre du tourisme est venu en visite pour la soirée (et la nuit) et le groupe a fonctionné jusqu’à 5 heures du matin, au lieu des 22h00 habituelles. Cela a donc “bouffé” beaucoup d’essence. Mais il paraît qu’on a dansé tard dans la nuit, l’ambiance était donc bonne.

L’ambiance sera moins bonne dans la chambre pendant la nuit : la climatisation n’a travaillé que pendant 1h et, même si la température extérieure s’est un peu rafraîchie, l’intérieur du boukarou est étouffant. Nous nous couchons tout de même, presque nus, collants aux draps, souhaitant être une famille de singes, ne craignant pas de dormir dehors. La nuit sera rythmée par les enfants appelant pour avoir à boire. Et à 5h00, un coq élevé par le personnel du campement mettra définitivement fin à notre nuit. Bon, le départ pour la balade du dimanche matin était de toute façon prévu à 6h30, avant les grosses chaleurs (où touristes et animaux restent seulement couchés à l’ombre, les animaux sans la bière un peu glacée !).

Là eIl y a bien 2 girafes !ncore, les girafes seront au rendez-vous puisque nous en voyons 3 dès le départ. Caroline ne peut s’empêcher de descendre de la voiture pour s’approcher un peu. Les girafes l’observent attentivement, en mangeant quelques feuilles dans les hautes branches d’un arbre. Et puis tout à coup, Caroline doit être trop proche à leur goût et elles fuient au galop. C’est très beau une girafe qui court, on dirait qu’elle se déplace au ralenti. Elles n’iront pas beaucoup plus loin, juste assez pour déguster les pousses d’acacias tranquilles.

Deux singes magistrats…haut perchés

Un troupeau de cobs

De l’herbe sèche… et des cobs derrière !

Une jeune cob de Fassa, quelle fourrure !

Puis par la suite à nouveau beaucoup d’antilopes, des bibales et des cobs de Fassa en plus. Comment ils font pour supporter la chaleur avec leurs longs poils ! Nous verrons aussi plusieurs types de singes : magistrats, singes verts et rouges. Et au retour, encore une girafe.

Girafe du matin, bon entrain !

Des babouins surpris dans le campementNous vidons nos chambres et fin de matinée, dans une chaleur très forte, avalons un rapide dîner et reprenons la route. Dans la plus pure tradition africaine, nous emmenons trois personnes de plus, jusqu’au goudron. Et par chance, l’une des trois est un garde du parc qui aperçoit, quelques minutes après notre départ, trois girafes couchées sous des arbres. Superbe vision finale ! Et très jolies photos souvenirs ! Caroline est définitivement contente… au moins pour 48 heures. Après, il faudra trouver autre chose !!!

Voyez-vous 3 girafes ?

Miam, miam !

Une des - très - nombreuses raisons de notre désir de revenir au Cameroun, c’est qu’on y mange plutôt bien. Il y a de nombreuses spécialités que nous avions eu l’occasion de goûter et qui avaient laissé un bon souvenir à nos papilles.

De délicieuses brochettes !Le premier choc culturel avait été de manger, lors de notre première soirée à Ngaoundéré en août 99, des brochettes de viande de boeuf… juste au bord de la route. On appelle ça le soya. La viande de brochettes est enrobée d’une panure à l’arachide et servie avec des galettes (pain plat), des oignons et un thé bouillant, la chaï. On s’installe à côté du grill, qui n’est rien d’autre qu’un tonneau en fer recouvert d’une grille. La nourriture est servie sur des grandes feuilles de papier cartonné.

Assis près de la route… convivial !


Mais surtout, c’est “très moins cher” ! Une brochette coûte 100 FCFA (=25 centimes suisses), la galette 50 FCAF et le thé 75 FCFA. Les tarifs n’ont quasi pas bougé depuis 10 ans ! Pour un adulte, compter 8-10 brochettes et 2 galettes. Donc moins de 3 francs suisses !

On choisit d’abord son poisson… et le prix qui va avec.Un autre grand classique de Ngaoundéré, c’est la carpe braisée. Les carpes sont péchées dans le lac de Tibati, à quelques heures d’ici. Tout un commerce de la carpe braisée s’est développé dans la quartier de Baladji II. De nombreuses maisons, reconnaissables aux mamans qui s’affairent autour d’un grill, accueillent les clients. On s’installe dans une des pièces de la maison, invariablement peintes en bleu et dotées de grands canapés.

Du courage les carpes…

Des salons cossus pour manger tranquille !

Vraiment délicieux, croyez-moi !La carpe braisée est servie avec des plantains ou des frites de pommes (pommes frites), de la mayonnaise (à éviter si vous êtes sensible de l’estomac) et du piment (à éviter dans tous les cas, ça purge le tube digestif de manière radicale). Et on mange avec la main droite ce poisson très goûteux, qui n’a qu’un unique défaut, celui d’avoir beaucoup d’arêtes.

Les prix varient en fonction de la taille du poisson. La maman qui prépare vous détaille les différentes qualités de carpes et vous laisse vous indigner du prix, vraiant de 800  FCFA (2 frs) pour les toutes petites à 3000 FCFA (7,50 frs) pour les géantes : quoi qu’il arrive, elle ne négociera pas ses tarifs. A prendre ou à laisser !

Soirée buffet !

Des boules de couscous… bien chaudes !Même si manger dehors a du charme, on est rarement aussi bien accueillis que chez des amis. et c’est l’occasion de découvrir leur goût (entendez “ce qu’ils aiment manger”). Presqu’à chaque fois, il y aura du couscous. Pas le nord-africain, non, celui de l’Afrique sub-saharienne. Il s’agit juste de farine (de maïs, de mil, de manioc,…) cuite et tournée jusqu’à l’obtention d’une pâte collante. On forme alors des “boules” aplaties. Une cuisine…traditionnelle.La boule de couscous se mange toujours avec une sauce, à la viande, au poisson, à la crevette,… Les sauces contiennent souvent de la tomate, parfois de l’arachide ou d’autres légumes encore, souvent des feuilles d’arbrisseaux locaux : foléré, ndolé,… Le résultat est absolument délicieux et s’est un régal de se brûler les doigts en mangeant !

Une boule, ici de manioc, se tourne à la main avec un bâton. Dur, dur !

Traditionnelles : les sauces. Ici du Foléré et du folon.


Chez nos amis musulmans, les classiques sont un peu différents. Certains recettes sont plus particulièrement prisées, telle la sauce aux feuilles de baobab et haricots blancs. Ou la bouillie… qui avait laissé des souvenirs impérissables à mon frère Pierre-Yves. Eau, farine, pâte d’arachide, sucre, citron. Cela tient bien au ventre, malgré la consistance liquide. Par contre, si le récipient dans lequel on vous la sert à été lavé dans une eau peu propre, bonjour les risques d’amibes !

Chez Pierre, on va déguster le riz sénégalais… lors d’une coupure de courant !


Bref, nous nous régalons et découvrons même des recettes étrangères, telle le riz sénégalais que prépare notre amie Lucie depuis son séjour à Dakar. Mais rassurez-vous, nos amis découvrent aussi notre goût : Caroline ne peut s’empêcher de leur faire découvrir gâteaux au chocolat et autres flancs au caramel. Les échanges, c’est important !

Vous parlez français ?

On a beau savoir le français (de Suisse romande du moins), on n’en est pas moins troublé lors des premières discussions avec des camerounais… ou des Norvégiens ayant appris le français au Cameroun. Les mots sont familiers, mais leur sens est-il vraiment le même… D’où quelques incompréhensions, parfois cocasses. Petit lexique de quelques expressions régulièrement entendues ici :

On dit ici… Traduction exemple
absenter passer en l’absence de qqn Je vous ai absenté
connaître savoir Je connais très bien nager
géant grand Ce monsieur est très géant
appeler Dire à qqn Appelle-la de venir !
Arrêter Tenir Arrête-moi ce sac
moins cher bon marché cette voiture est très moins chère
pour à Où est pour moi ?  (Où est ma part ?)
ça va alors ! Je suis fatigué de t’entendre
dribbler rater Cet élève a dribblé le cours
On se voit ! Au revoir ! A bientôt !
Cent cent francs Cent francs pièce C’est combien le pain ? Cent cent francs. Marche avec dix aussi
prêter emprunté J’ai prêté son livre
C’est comment ? Comment ça va ? Salut Jean ! C’est comment ?
qu’est-ce que vous riez ? De quoi riez-vous ?
Tout un chacun chacun Cela concerne tout un chacun
Appétit ! Bon appétit ! Appétit  ! mangez-vous, mangez-vous, ma femme va vous préparer ! (en vigueur uniquement chez notre ami François)
lumière courant électrique On a coupé la lumière
préparer faire la cuisine Ma femme prépare très bien
fréquenter aller à l’école Tous ses enfants fréquentent
composer passer des épreuves écrites A l’école, nous composons cette semaine.
Durer Rester longtemps Maman a duré au marché
faire [une durée] faire un séjour d’une certaine durée J’ai fait un mois au village

Un joli visiteur…

Vivre en Afrique, c’est aussi la possibilité de voir, enfin, des animaux que les enfants ne connaissent que par les livres. En attendant la pleine saison des termites, les enfants ont eu la joie de voir un joli caméléon dans notre jardin. Nathan connaissait Léon le Caméléon, d’un livre pour enfants, mais il a pu découvrir le “vrai” Léon, avec ses yeux bizarres, qui scrutent tout autour de lui.

Léon le caméléon

Pas le temps par contre de vérifier si ce caméléon changeait vraiment de couleur… il n’a pas daigné rester assez longtemps ! Peut-être un peu impressionné par l’attention dont il était l’objet…

“J’rame dur”

Mais non, mais non… la vie n’est pas si terrible ici que j’aie l’impression de “ramer dur”.

Aujourd’hui, c’était une parfaite occasion pour  une petite virée… entre hommes ! Ben ouais, faut aussi s’affirmer en tant que mâle parfois (dit-il en se grattant l’entrejambe).

Nécessaires : un canoé et un gros 4×4Avec un ami norvégien, tout frais et bien aventureux, nous sommes partis pour une petite virée en canoë. Nous avons emprunté une embarcation qui était stockée dans un bungalow que les Norvégiens gèrent au lac Mbalang. Tom, le Norvégien donc, pasteur de son état, ne savait pas qui l’avait apporté. Ce qui ne nous a pas gêné pour l’embarquer et le ramener à Ngaoundéré. Où nous avons découvert qu’il appartient au représentant de la mission américaine (”dis donc, vous faites quoi avec mon bateau sur le toit de votre voiture ?”).

Une vue d’ensemble de la régionBref, départ en début d’après-midi, juste après une grosse pluie, pour la plus grosse rivière de la région : la Vina. Nous avions déjà eu l’occasion de vous emmener aux chutes de la Vina. Ce fut notre point de départ, un peu en amont. Sol boueux pour atteindre la rivière et, déception, vraiment peu d’eau et pas mal de rochers dans le lit du cours d’eau. Mais on est des mecs, pas vrai ! On se jette à l’eau et on pagaye. Fort. Parce que peu d’eau, c’est plus de courant. Et des endroits un peu techniques à passer. Tom est un spécialiste, moi je débute. Bref, on se bat 15 minutes et, exténués, on fait demi-tour.

Une fois le canoë sorti de l’eau, un jeune gars vient nous dire que l’endroit n’est pas idéal. Il propose de nous emmener plus en amont, là où la rivière est plus profonde. 15 minutes de piste plus loin, nous découvrons en effet une rivière totalement différente, un grand cours d’eau très calme. La station de pompage, qui alimente Ngaoundéré, et qui se trouve près de notre premier point de départ, doit expliquer une telle différence de niveau d’eau.

Une belle rivière… très calme.

Tom, pasteur et norvégien.Depuis là, c’est plus que du plaisir : pas de courant, des arbres sur les deux rives, des oiseaux multicolores, des chauves-souris rencontrées au hasard d’un petit détour, quelques pêcheurs avec qui on échange les salutations d’usage. Bref, deux heures de pagayage en douceur…

En passant sous les arbres, on dérange des chauve-souris

 

Je ne suis PAS pâlot… c’est la crème solaire !

Bon, en fait, mes muscles en ont pris un joli coup ! Mais c’est une occasion rêvée pour demander à ma charmante épouse un petit massage… dont elle a le secret !

Vive l’école !

Après deux semaines de vacances et de multiples aventures, toutes plus périlleuses les unes que les autres, nos enfants étaient vraiment heureux de retourner à l’école ce lundi 12 avril. Marie me disait encore la veille : “Tu sais, papa, s’instruire, c’est important !”. Et Nathan de demander s’il pouvait rester plus longtemps en classe, car c’est trop court ! Quel bonheur pour des parents d’avoir leurs enfants si bien disposés…

C’est la reprise… sur le chemin de l’école !

Après ce petit passage de pure science-fiction, nous pouvons évoquer la rentrée… réelle ! Depuis plusieurs jours, nous avons la joie d’entendre des “c’est trop nul l’école !” et des “oooooohhhhh, mais pourquoi il faut toujours aller à l’école” qui font chaud au coeur. La réponse, honnête et courageuse, de Christophe est invariablement la même : “C’est le directeur des écoles de Prangins qui a dit que vous deviez aussi aller à l’école en Afrique  !” M. Guenot, si vous nous lisez, pardon…Pourtant, l’école, nos enfants l’aiment plutôt bien. Marie a fait une très bonne 4ème séquence (équivalent d’un demi-trimestre) en finissant 5ème sur 60 avec une moyenne de 15.46 sur 20 (hé, oui, c’est pas l’école vaudoise, les notes sont au centième !). Et Nathan se met à lire des mots et fait avec beaucoup de motivation ses devoirs.Plus que l’école, c’est admettre la fin des congés et des journées entières passées avec les amis qui perturbe nos enfants. Tant mieux, parce que des années d’école, il en reste pas mal !!! Et puis, fin mai, les classes seront déjà presque terminées… c’est bientôt là !

Il est vraiment ressuscité…

A peine rentrés de notre périple sur les pistes du Nord Cameroun, nous avons pu participer à un grand culte de Pâques. La paroisse de l’hôpital protestant compte deux congrégations, Hôpital I et Hôpital II. La première congrégation fait culte à 8h00 en fulfuldé, ce qui constitue deux inconvénients majeurs pour nous : la langue (mi nannata fulfulde - je ne parle pas fulfuldé) et l’heure. 8h00, c’est BEAUCOUP trop tôt !!!

Nous faisons donc habituellement culte avec la seconde congrégation, à 10h00 en français. Le culte est plutôt court (1h30 en moyenne), il y a deux chouettes chorales (Pénielle & La voix de l’espérance) et c’est parfois un ami à nous, François Gazawa, qui prêche. Même si il n’est souvent pas au courant lui-même à 9h00…

Pour le dimanche de Pâques, fête oblige, il y a eu culte unique à 8h30 au niveau du dispensaire de l’hôpital.

Le culte a eu lieu au dispensaire de l’hôpital

Les baptisés du jour…Bon, soyons honnêtes : nous sommes rentrés le samedi soir de Boubandjida et nous avions vraiment besoin de repos. Nous nous sommes donc pointés au culte vers 9h15, en espérant être discrets. On pourra se trouver un petit coin au fond. Raté ! C’était en effet sans compter le prestige du Blanc. Aussitôt arrivés, une diacre chargée du placement des fidèles nous a pris en charge et nous a emmenés nous asseoir… tout devant… à côté du pasteur… face à l’assemblée ! Discrétion, discrétion…

L’eau, un symbole précieux ici

Le culte de Pâques, comme celui de Noël, est l’occasion de célébrer plusieurs actes liturgiques importants, en particulier des baptêmes et des confirmations. C’est l’occasion de dialogues intéressants :

paques10.jpg

Le pasteur : Est-ce que tu acceptes la présence du Christ dans ta vie ?
La baptisée (adolescente) : Oui (tout doucement)
Le pasteur : Excusez-moi, vous, Madame, vous qui êtes au tout dernier rang, est-ce que vous avez suivi la réponse ?
La damme (imaginaire) : …
Le pasteur : Il faut que tout le monde suive ! Est-ce que tu acceptes la présence du Christ dans ta vie ?
La baptisée (ultra-gênée) : Oui (plus fort)…

Un sermon… motivé !Le prêche du jour, évidemment centré sur le récit de la visite des femmes au tombeau du Christ, (mal)heureusement vide ce jour-là, et les suivants aussi d’ailleurs, a été fait en français et traduit en fulfuldé, la langue locale au marché, par un des Anciens.

L’assemblée, attentive.

Ce qui est intéressant, car le prédicateur, un pasteur dirigeant la radio de l’Eglise, parle parfaitement les deux langues. Mais il a préféré avoir à ses côtés un traducteur… qui a sué à grosses gouttes. Allez traduire de manière intelligible des tirades telles que :

La mort du Christ sur la croix a mis à mort la mort spirituelle et la mort éternelle !

Une chorale

c’est un peu long, Nathan se promèneUn sermon intéressant, mais certains aspects demeurent discutables pour des Blancs cartésiens, comme lorsque le pasteur parle de cas de guérison de malades du SIDA. Déjà que peu d’Africains croient réellement à l’existence de cette maladie, si on peut de plus en guérir, finies les précautions !

Des jolis chants ont rythmé la célébration, quatre chorales étant présentes. Et le tout n’aura duré que 3 heures…

On se quitte ensuite en se souhaitant bonne fête. Et même les musulmans rencontrés le jour-même en ville nous souhaiteront “bonne fête”. Parce que bon, c’est vrai tout de même, Pâques est une bonne fête. Une victoire éclatante sur les ténèbres. L’assurance que Jésus est et sera toujours vivant, lumière présente à nos côtés. En vérité, la fête fut bonne !

La famille, en costume traditionnel !

Merci à vous tous qui nous avez souhaité une bonne fête de Pâques. Notre connexion internet, capricieuse, nous aura empêché de vous répondre. Mais notre prière, c’est que le Christ ressuscité vous accompagne. Chaque jour…