… Fin

Nous voici de retour sur le sol helvétique ! Et déjà la grisaille et la pluie. Pas si différent de la saison des pluies au Cameroun !

A nouveau sur le sol suisse…

C’est le moment de clore cette partie africaine de notre blog… qui va sans doute perdurer… sous une autre forme.

Laissez-moi adresser quelques remerciements en guise de conclusion. Lisez jusqu’au bout, il y a sans doute quelque chose pour vous !

REMERCIEMENTS

Un tout grand remerciement à nos familles, qui nous ont laissé, encore une fois, partir au Cameroun. Nous sommes bien conscients que l’absence des petits-enfants s’est fait ressentir, malgré Skype.

Merci à l’Etat de Vaud, employeur de Christophe, pour lui avoir accordé ce congé… il a été apprécié à sa juste valeur !

Merci à Zéfanias, Vice-Principal du Collège Protestant de Ngaoundéré, pour avoir précieusement aidé à toute la préparation  de nos interventions au collège. Merci pour l’intégrité de ton travail et tous nos voeux de bonheur avec ta femme et tes trois enfants…

Merci aux collègues du colprot pour leur accueil, 8 ans après mon départ. Vous exercez un dur métier, je prie pour que vous trouviez la force pour vivre votre vocation.

Merci à Pierre, Lucie et leurs enfants, pour avoir compté les jours qui nous séparaient de nos retrouvailles : votre accueil nous a profondément touchés. Que vos projets puissent voir le jour et fructifier, tant votre travail est précieux !

Un merci tout particulier à Fabrice : rarement Nathan avait-il eu autant de plaisir à découvrir mille et un nouveaux jeux !

Merci aussi à la famille de Pierre et de Lucie : vous revoir a été une réelle joie !

Merci à la tante de Lucie, Marguerite, pour nous avoir fait confiance.

Merci à François, Ruth et leurs enfants : les temps de partage avec vous furent de merveilleux moments. Que votre foi sache vous guider, loin de la politique et des intrigues !

Un grand merci à la petite Marie. Elle a été une merveilleuse amie pour nos enfants. Elle leur manque !

Merci tout spécial et du fond du coeur à Thierry et Martine pour nous avoir fait si bon accueil à Maroua. Nous sommes très fiers du travail que vous faites pour la maison d’accueil. Les enfants ont une vraie maison et, surtout, un papa et une maman qui les aiment !

Merci à tous les enfants de la maison d’accueil de Maroua, en particulier à Béa, Joseph, Henriette, Gloria et Abé. Grâce à vous, nous avons aussi fait partie de votre grande et belle famille !

Un merci particulier à Léonie et Marie Sidonie, les maîtresses de nos enfants à la Station. Elles ont su êtreà l’écoute de nos enfants…

Merci à Christine et Doris, les maîtresses de nos enfants en Suisse, pour avoir jouer le jeu d’une correspondance avec un autre continent. Merci à tous leurs camarades, pour leurs réactions, leur intérêt et leurs questions.

Merci à notre amie Maïramou, qui fut la première à nous accueillir au Cameroun. Merci pour tous les efforts qu’elle a fait pour rendre notre séjour agréable.

Merci à tous nos amis musulmans de Ngaoundéré et d’ailleurs pour nous avoir accueilli une fois de plus : nous sommes différents mais nous avons beaucoup partagé et votre amitié nous est précieuse !

Un merci particulier à Nafissatou et ses gentils enfants : nous avons passé de joyeux moments en votre compagnie et mangé du bon folléré. Continuez à jouer assidument au UNO !

Merci à tous ceux qui sont venus nous saluer à la maison : anciens élèves, collègues, paroissiens,… Nous sommes heureux de vous avoir revu !

Merci à Solange pour les délicieuses pizzas qu’elle mitonne. Nous sommes heureux de vous voir vous débrouiller ! Faites bien !

Merci à Jean-Claude Inoua pour le travail intègre qu’il fournit et pour l’excellent exemple qu’il donne tout autour de lui. Bon courage avec ton champ !! Et tous nos voeux de réussite pour tes enfants !

Et puis, aussi et surtout, un immense merci à vous tous qui avez suivi les récits de ce blog, amis, proches, voisins,…. Nous avons vraiment souhaité partager avec vous des instants forts passés au nord Cameroun. Il y a toujours un décalage lorsque l’on rentre de pareil périple. Mais nous espérons vraiment vous avoir fait découvrir à quel point ce pays, qui est un peu notre deuxième patrie, est riche, de ses terres et de ses habitants.

Notre récit africain prend fin ici… mais comme on dit très justement au Cameroun lorsque l’on se quitte :

On est ensemble !

Touristes suisses au Cameroun

Le Cameroun, ce n’est pas que les régions de l’Adamaoua, où nous résidions, et celle du Nord et de l’Extrême-Nord, que nous avons visitées. On dit souvent que le Cameroun, c’est l’Afrique en miniature… ce n’est pas faux. Le nord est sec et chaud ; l’est, le centre et le sud recouverts de denses forêts, largement menacées par la déforestation ; le littoral entièrement tourné vers l’océan ; et l’ouest recouvert de milles collines plus ou moins boisées. une fantastique diversité de paysages qui nous a donné envie de profiter un peu de “voir du pays”.

De là notre idée d’une grosse semaine de tourisme avant de reprendre l’avion à Yaoundé. Se déplacer reste toutefois un problème majeur. Il y a certes de très nombreuses compagnies de bus (des minibus en fait le plus souvent), mais les horaires sont incertains, la conduite parfois à peine maîtrisée et ce n’est pas vraiment idéal avec des enfants (”maman, je dois faire pipi ! Tout de suite !”).

L’axe lourd Yaoundé-Douala est TRÈS dangereux car TRÈS fréquenté.Avec l’aide de notre amie Maïramou, nous avons pu louer une voiture avec chauffeur, à un prix exorbitant, mais somme toute raisonnable. Si se déplacer de villes en villages, sur un réseau bien bitumé comme l’est celui de la moitié sud du pays, ne pose guère de problème, s’orienter dans les agglomérations prend parfois la tournure d’un véritable cauchemard : la pose de panneaux indicateurs n’a vraiment pas encore pris son essor ! Un chauffeur est idéal, car il connaît bien souvent les lieux et peut faire gagner un temps précieux. Le nôtre est plutôt jeune (une vingtaine d’année), s’appelle Jessy, a un formation de mécano et conduit depuis l’âge de … 12 ans !

Dimanche : Yaoundé - Kribi (env. 300 km - plus de 4 heures)

Vue sur la plage depuis notre pension…Nous rejoignons, bien au sud, la petite ville côtière de Kribi, réputée pour ses longues plages de sable fin, ses noix de coco et ses crevettes. Caroline nous a réservé 3 nuits dans une pension catholique. Bon, pas celle prévue, mais une autre qui est superbement située sur un rocher dominant l’océan. Ce dernier est à Nathan découvre la plage25° toute l’année et les enfants s’en donnent à coeur joie. Il y a constamment des vagues sous formes de rouleaux et nous devons être un peu prudents. Une seule excursion au programme : les chutes de la rivière Lobé. En se jetant dans la mer, elle crée toute une série de cascades et de piscines naturelles. Très très joli, mais très très très touristique et les démarcheurs (tour en pirogue, brochettes de crevettes,…) ne lâchent pas le touriste. Les prix sont, eux, à s’étrangler… pour tout bon Suisse qui vient de passer 4 mois dans le pays. La toute dernière photo de notre APN…emporté par une vague un peu plus tard.Le touriste étranger ne devrait pas s’apercevoir qu’il se fait rouler dans la farine ! Surtout s’il peut regarder un Suisse-Chili décevant à la télé, non loin de la plage.

Les chutes de la Lobé

Baignade dans les chutes, tu te souviens tonton Peewee ?

Une longue ballade sur la plage

Au menu tous les soirs : poissons et crevettes… frais pêchés !

Mercredi : Kribi - Douala (env 180 km - plus de 3 heures)

Une rue typique de DoualaDouala est la plus grande ville du pays, la plus effervescente, la plus sale, la plus embouteillée et la moins bien entretenue. Nous n’y allons que parce qu’elle constitue une étape sur notre route vers l’ouest et parce qu’un ami à nous, Philippe, y réside. C’est l’occasion de partager ce qui a évolué dans nos vies respectives, mais pas trop quand même, parce qu’il y a le foot à la télé !

Jeudi : Douala - Bafoussam (env. 290 km - presque 6 heures avec excursion facultative).

Papayers, plants d’ananas à leur pied, bananiers au fond : intensif !Il en faut du temps pour quitter vraiment Douala, monstre tentaculaire s’étendant dans toutes les directions. Plus on s’approche de l’ouest, plus les cultures se font intensives. Les marchands, au bord de la route, proposent des fruits en quantité : papayes roses (délicieuses, 8 pour 2,50 CHF), ananas, litchis,…
Sur la route, une étape s’impose : les chutes d’Ekom-Nkam, parmi les plus hautes du pays avec leur 80 mètres. C’est dans ce panorama grandiose que le ventre de Christophe se met à sérieusement dysfonctionner, ce qui gâche un peu le paysage. Dommage, car un autre Christophe, Lambert celui-là, y avait tourné, sans problème de ventre, des scènes du film Greystoke.

Les grandioses chutes d’Ekom-Nkam

Nathan a de la fièvre, Christophe la diarrhée… cool !

Arrivés dans la capitale de l’Ouest, Bafoussam, nous découvrons une ville pluvieuse, aux routes dans un état catastrophique. Nous logeons dans un hôtel sympathique… mais l’eau est coupée, un tuyau a éclaté.
Les jours qui suivent permettront de mieux découvrir l’ouest montagneux, dont les routes ne cessent de serpenter, de Le palais du Sultan de Foumbanmonter et descendre. Nous allons tout d’abord à Foumban, berceau de l’ethnie bamoun, de grands sculpteurs. Nous y visitons le palais, à l’influence fortement allemande, du Sultan, roi des Bamouns. L’actuel, le 19ème, est encore un chef largement reconnu, autant par la population que par l’Etat. Une visite du musée nous permet de mieux connaître l’histoire de ce peuple, en particulier du sultan Njoya, le plus connu, qui fut un visionnaire, allant même jusqu’à inventer un langage, parlé et écrit. Il eut 681 femmes… et sans doute autant de soucis simultanément !!

Le Sultan rentre de la prière du vendredi… il est debout au centre.

Une case aux belles sculptures

Notre chauffeur s’achète de la canne à sucre

Vue sur BamendaLe lendemain, départ pour la capitale du Nord Ouest anglophone, Bamenda. On m’en parle, en bien, depuis longtemps. A raison : la ville est propre, les bâtiments bien entretenus, les routes en très bon état. C’est clairement une mentalité bien différente que dans la partie, majoritaire, francophone du pays. Nous visitons aussi une chefferie, celle du village de Bafut, très connue pour son importance et le superbe bâtiment en bois qui trône en plein milieu, renfermant les esprits des ancêtres. Fondée en 1500 et quelques, c’est actuellement son 11ème Fon, entendez chef, qui la dirige. C’est la pluie qui nous accompagnera une bonne partie de la journée, expliquant sans doute pourquoi l’ouest est si vert !

Le palais de Bafut

 

La case centrale, superbe, où n’entre que le chef. Les esprits des ancêtres y demeurent.

Dimanche : Bafoussam - Yaoundé (env 300 km - près de 5 heures)

L’entrée de la chefferie de BangangtéIl est temps de rentrer sur la capitale, non sans avoir encore profiter des superbes paysages et de la visite d’une chefferie plus modeste, celle de Bangangté, très connue car une Française a été une des co-épouses du précédent chef. Caroline avait lu le livre, il fallait donc y passer.

Nathan et son ami, le fétiche de la guerre

Un pneu crevé… et Nathan qui observe son ventre !?Sur la route, histoire de se rappeler que nous sommes encore bien en Afrique, nous crevons et découvrons que la voiture n’a pas de clé pour démonter la roue… Mais notre chauffeur, parti au village le plus proche en moto, se débrouillera pour nous permettre de repartir rapidement. Et nous arriverons en fin d’après-midi à notre hôtel à Yaoundé… assez vite pour voir l’Argentine battre largement le Mexique. Et pour permettre au ventre de Christophe d’être à nouveau bien détraqué… Vivement la Suisse, il fait bon être malade chez soi !

Ce n’est qu’un au revoir…

Toute chose a une fin, même lorsque cela a été particulièrement bon ! Et il y a 6 mois de cela, je me préparais psychologiquement à annoncer à nos amis camerounais que nous ne reviendrions sans doute plus au Cameroun après ce long séjour de 4 mois : voyage difficile à organiser, transports locaux difficiles, prix des billets d’avions, pollution engendrée par le vol,… les raisons ne manquaient pas !

Et pourtant ! Après 4 mois, nous ne pouvons que nous résoudre à l’évidence : nous allons être forcés de revenir ! Nous avons de si bons amis ici que le réchauffement climatique devra faire preuve d’un peu de compréhension ! Nous devrons revenir ! Et nos enfants semblent partant… pour dans quelques années.

En revenant de Maroua, il nous est resté à peu près deux semaines avant de quitter Ngaoundéré. Deux semaines mises à  profit pour de multiples activités :

  • dire au revoir
  • finir des tonnes d’installation d’ordinateurs
  • dire au revoir
  • acheter quelques souvenirs
  • acheter des habits d’occasion (très moins chers ici)
  • dire au revoir
  • Le foot chez les Gazawa… pas très nette l’image.faire des bouffes avec les amis
  • regarder la coupe du monde
  • dire au revoir !

Cela aura été intense ! Tout le monde voulait pouvoir encore profiter de notre présence, si possible plusieurs fois avant notre départ. Nous avons donc essayé de satisfaire le plus de monde possible, en faisant preuve du plus d’ubiquité possible !

Halimatou, son mari, sa petite fille… et nous !

Nafissatou et ses enfants

 Une dernière moussaka pour François et Ruth

les 4 familles amies réunies une dernière fois…Le dernier vendredi, nous avons organisé un grand repas pour nos amis proches, à la maison. Au menu, tout ce qu’ils ont apprécié en notre compagnie : spaghetti bolognaise et pizza ! Il manquait juste la moussaka, que François Gazawa aime particulièrement. Et puis, parce que Christophe doit aussi en avoir pour son argent, plein de brochettes de soya, cette délicieuse viande marinée dans une sauce aux arachides. Une très belle soirée durant laquelle les enfants ont pu regardé, tous ensemble (ils étaient huit) un film alors que les adultes passaient un temps de partage, emmenés par le pasteur Gazawa dans une relecture des Béatitudes. Ce fut un moment fort où chacun a pu exprimer ce que ces quelques mois avaient signifié. Nous avons été surpris de découvrir à quel point nos amis camerounais sont reconnaissants de ces mois partagés et combien ils sont attachés à nos petites personnes. Vraiment touchant…

Des amies musulmanesLe lendemain, nous avons pu récupérer nos billets de train (on nous a d’abord annoncé le train complet, mais un bref entretien avec le chef de gare a fait miraculeusement apparaître des billets de wagon-couchette : en Afrique, on trouve toujours une solution !) et accueillir notre amie Maïramou, qui a fait un voyage-marathon depuis N’djamena, capitale du Tchad, effectuant un trajet presque non-stop de 18h00. Elle est arrivée fatiguée, mais heureuse de partager encore quelques heures avec nous. Malheureusement, vu les activités intenses des jours précédents, nous avons été bien occupés à paqueter nos affaires ! Et nous avons terminé juste à temps pour partir à la gare.

Avec Maïramou… nous ne l’avions pas revue depuis le 11 février.

Le comité venu nous dire au revoir à la gare.A la gare nous attendaient aussi beaucoup de monde. Grâce à la tante - magistrate - de Lucie, tout ce petit monde a pu accéder au quai, habituellement réservé aux seuls voyageurs. Nous avons pris possession de notre “chambre” de 4 lits-couchettes et fait une dernière photo-souvenir.bye bye Ngaoundéré L’émotion nous a tous gagnés et c’est avec les yeux bien humides que nous avons quitté Ngaoundéré… Le train arrivera relativement tôt à yaoundé (vers 9h00 le lendemain), sans doute en partie parce que nous avons un Ministre à bord. Cela aide terriblement !

Les paysages changent lorsque le train arrive au sud : quelle végétation !

Maroua, nous voilà !

Nous l’avions annoncé depuis que notre projet avait pris forme : partir au Cameroun, cela allait aussi être, enfin, la possibilité de rendre visite à nos amis Thierry et Martine qui accueillent une quinzaine d’enfants orphelins ou en difficulté dans le chef lieu de l’Extrême-Nord du Cameroun, la ville de Maroua. Nous les soutenons depuis leurs débuts, en 2003, et nous avons suivi, à distance. à nombre d’événements, heureux ou moins heureux.

Thierry et Martine étaient venus en visite en Suisse début 2005, juste avant l’arrivée de Nathan, et Thierry était revenu seul en décembre 2008. Enfin, c’était notre tour de leur rendre visite ! Seule chose qui nous inquiétait un peu : la température qui règne habituellement à Maroua en fin de saisons sèche. En mai, Thierry a relevé des températures diurnes de 48°C ! En partant fin mai, on espérait vraiment avoir moins chaud !

La famille Magadji à GarouaDépart donc juste après la fête de fin d’année de Nathan pour rallier Garoua, à 280 km au nord de Ngaoundéré. Nous partons avec une toyota Rav4, mais pas la nôtre. Nous l’avons échangée contre un modèle plus ancien mais 4×4. Plus sûr… Et la voiturefonctionne bien. Nous sommes donc arrivés avec la nuit à Garoua et y avons retrouvé notre ami Thomas Magadji. Il y réside depuis 2009 et nous a accueilli sur la station de l’Eglise Fraternelle Luthérienne, qui compte quelques cases de passages. Ce fut l’occasion de le revoir, après une courte visite qu’il nous avait fait lors d’un passage à Genève. C’est le seul Camerounais que je connaissse qui ait marché sur l’eau (bon, c’était le lac de Joux gelé, mais ça compte !). Nous avons aussi découvert ses deux enfants. Ce fut enfin l’occasion de découvrir son travail de coordinateur d’un projet visant à apporter l’Evangile aux Peuls, une tribue issue des missionnaires musulmans qui sont arrivés au Cameroun par l’Afrique du Nord et de l’Ouest.

Après une première étape pas trop chaude, départ pour Maroua. Il reste 210 km. La première partie se fait sur un goudron en très bon état et sous un orage mémorable. Plus nous progressons vers le nord, plus la végétation devient sèche. En La fondation Bethléem de Moudaarrivant à Mouda, village à 33 km de Maroua, nous retrouvons notre ami Thierry, qui nous confirme qu’il n’a pas du tout plu cette saison. Thierry est responsables des ateliers à la Fondation Bethléem. Créée par un père catholique, cette fondation vient en aide principalement aux enfants vient essentiellement en aide aux personnes, surtout des jeunes, en difficulté (handicapés physiques et mentaux, veuves, enfants abandonnés, orphelins d’au moins un parent, déficients auditifs et jeunes déscolarisés en quête d’un savoir-faire).

L’artisanat produit par certains ateliers de la fondationAprès nous avoir offert le repas, Thierry nous fait visiter le vaste site de la Fondation. Nous y voyons la ferme, les ateliers, les locaux d’accueil et le réfectoire. Tout est bien tenu, sans doute parce que beaucoup d’Européens y travaillent. Thierry s’occupent de la gestion de 9 ateliers qui forment des jeunes et contribuent à récolter des fonds, à travers la vente de divers produits, pour financer partiellement les activités. La visite est très intéressante, mais il fait chaud. Et la voiture fait désormais un bruit bizarre, comme une Harley Davidson… normal, le pot d’échappement est en train de se faire la belle ! On attache ça pour une réparation ultérieure et on prend la route de Maroua pour, enfin, arriver à la maison d’accueil Daniel Brottier.

On a failli manquer de pot !

Déjà complices !Les enfants, surtout les plus jeunes, nous attendaient avec impatience et ils nous entourent dès notre arrivée. Nous nous dépêchons d’apprendre les prénoms, ce qui n’est pas trop difficile car chaque enfant a vraiment son propre caractère : Toute la famille de Thierry et MartineJoseph est réfléchi, Béa plutôt discrète, tout le contraire d’Henriette, toujours active, et De Gloria, qui parle fort ! Ada, elle, parle aussi beaucoup, même si on ne comprend pas tout ce qu’elle dit. Les adolescents se font plus timides et il faudra quelques jours pour  briser la glace. Au total, une quinzaine d’enfants, de 5 mois à plus de 18 ans, habitent là. Martine, la maman de cette grande famille, nous accueille aussi chaleureusement (ce qui ajoute à la température proche des 40°) : les retrouvailles sont bien joyeuses !

La maison d’accueil, vue partielleNous découvrons aussi le terrain d’un hectare sur lequel Thierry et Martine se sont installés. Il est proche du centre, mais dans un quartier en pleine expansion : il n’y a donc pas de route d’accès officielle, même si elle est tracée sur le cadastre, et encore moins d’eau courante. La maison bénéficie d’un puits de 17 m, mais il n’est pas loin d’être à sec en cette fin de saison sèche. Il faut donc rationner l’eau, même si nous en avons largement assez pour nos besoins. Plusieurs bâtiments ont été construits depuis 2003 : le principal comporte la cuisine, à l’européenne, et la maison principale avec salon, chambres des petits enfants et des bébés, des parents et des adolescentes. L’autre bâtiment, où nous sommes logés, comporte des chambres pour les grands garçons, des douches et une salle d’étude. Divers autres constructions abritent la cuisine traditionnelle, des magasins,… Découvrez très prochainement une visite en vidéo des lieux sur le site web de la maison d’accueil.

Caroline initie tout le monde au UNO

Le tableau ne serait pas complet sans les infrastructures mises en place pour viser à l’autonomie de la maison : jardin potager, six bassins de pisciculture et une zone grillagée pour quelques moutons et chèvres. A noter qu’un bouc, la première nuit, nous empêchera de dormir en bêlant sans arrêt. C’est la période du rut ! Celle-ci s’interrompra brutalement pour lui au matin, car il est d’usage, lorsque se présentent des invités de marque (!), de sacrifier une bête. Je n’avais jamais mangé une aussi bonne chèvre grillée !

Les nuits sont donc un peu pénibles, pour nous les gens de l’Adamaoua qui vivent à 1100 m d’altitude dans une fraîcheur relative. Il faut dormir porte et fenêtres grandes ouvertes, pour profiter du moindre souffle d’air. Thierry, lui, dort dehors. Mais il a un lit spécial anti-fourmis et autres insectes grimpants. Heureusement, à cette saison, pas de moustiques, on peut donc abandonner les moustiquaires qui coupent un peu les maigres souffles d’air.

Au bord du lac de MagaMartine fait bien les choses ! Elle nous prépare de bons repas, dont nous profiterons de moins en moins car le ventre des trois Blancs se détraque rapidement, et nous a planifié un programme d’excursions et de visites… dense ! Nous commençons le dimanche avec une excursion au bord du lac de Maga, à la frontière avec le Tchad. C’est un lac artificiel qui se trouve à 80 km de Maroua… bon, 80 km dont une bonne partie de piste. Le lac, saison sèche oblige, est plutôt bas. Nous assistons au spectacle de la vente des poissons ramenés par les pêcheurs. Il fait très chaud ! Et je fais l’erreur de rester un peu plus au soleil que nécessaire, bon, à peine 10 minutes, mais la fièvre ne tardera pas à monter dans la soirée. Insolation…

Marché aux poissons

Pic-nic à l’ombre : il fait 45° !

Les cases obus de PoussNon loin de Maga se trouve le village de Pouss, célèbre pour ses cases obus. Ce style d’architecture unique est malheureusement en voie de disparition, car la construction d’une telle case prend jusqu’à 6 mois, et les constructions restantes ne sont désormais plus que des attractions pour les touristes. Joli et atypique tout de même…

 

L’intérieur de la concession, avec le grenier à mil au centre.

Le village de Foulou, avec ses concessions bien délimitéesLe mardi, c’est un jour idéal pour aller en visite à Foulou, le village des parents de Martine. Jour idéal, car sa maman brasse la bière de mil, le bil-bil, pour la vendre au marché du village. Faite à partir de cette céréale typique du Grand Nord camerounais, la bière de mil existe en deux variétés, une sucrée, La maman de Martine déguste son bil-bill’autre un peu plus alcoolisée. Cela reste très raisonnable ! Nous découvrons donc un grand village et ses habitants très accueillants. Tout le monde veut se faire prendre en photos et pouvoir se voir directement après sur l’écran LCD de l’appareil impressionne beaucoup ! La vie au village est certes rude, mais elle paraît aussi bien agréable par certains aspects. Le stress n’est pas celui des villes. Le papa de Martine m’a confié n’avoir aucune envie de perdre l’espace qu’il a tout autour de chez lui pour une petite maison serrée en ville.

Le papa de Martine, directeur d’école retraité

Le village se retrouve pour acheter puis boire la bière traditionnelle

Santé ! On boit dans des callebasses…

 Nathan revient avec un poulet du village, “offert cadeau”

Mercredi après-midi, départ pour le nord (du nord !) et le parc de Waza. C’est un des parcs les plus connus du Cameroun et je l’avais déjà visité en 2002. J’avais d’ailleurs été bien déçu ! Aller à Waza est une expérience en soi : depuis Maroua, il y a 120 km de goudron, dont plus des 2/3 très fortement dégradés. Impossible de rouler vite, obligation de rester toujours concentré, car des trous de 30 cm de profondeur émaillent la chaussée, de manière aléatoire sur toute sa largeur.

Deux girafes souhaitent la bienvenue (sur rendez-vous uniquement)Mais le voyageur intrépide est récompensé en approchant de l’entrée du parc : deux girafes, à une cinquantaine de mètres de la route, souhaitent la bienvenue. Caroline est aux anges ! Arrivés un peu tard (vers 17h00, la nuit tombant à 18h45), nous négocions pour pouvoir encore vite entrer dans le parc et faire un premier, rapide, tour. Avec une superbe luminosité, plus pour les yeux que pour l’appareil Un hippotrague au galopphoto, nous voyons nos premiers animaux : encore une girafe, un hippotrague, un renard, des damalisques, des pintades en grand nombre,… Il y a relativement peu d’animaux car la chaleur extrême a conduit la majeure partie a migré vers des parties plus reculées du parc où il y a encore de l’eau. Dans notre partie, seule une mare existe encore, grâce au gigantesque camion-citerne, sans freins, qui vient y déverser de l’eau chaque jour.

Joli coucher de soleil dans le parc

Dormir à l’extérieur : le pied !Nous restons pour la nuit au centre d’accueil du camp où ont été construits de très jolis sarés, de petits groupes de huttes en dur, avec toilette et douche communes. Il y a même la climatisation ! Mais comme l’installateur n’a pas encore été payé, il n’a pas livré les télécommandes, donc rien ne marche ! Et il n’y a de l’eau qu’à un seul robinet, à côté des toilettes. Mais la literie est confortable, surtout que je ne tarde pas à sortir le matelas pour m’installer, avec Nathan, dehors. La nuit sera ainsi très agréable, même un peu fraîche vers le petit matin.

Le pick-up : idéal pour visiter le parc !

Le troupeau de girafesDépart à 6 heures le lendemain pour une seconde ballade dans le parc. Nous sommes moins pressés et pouvons prendre 3 heures. Les animaux sont aussi un plus nombreux. Nous voyons rapidement un phacochère très affairé à retourner le sol. Et le clou de ce jour, c’est un superbe troupeau de plus de 10 girafes, qui cherche désespérement de l’eau dans ce milieu asséché. Les animaux souffrent vraiment de la chaleur ! Nous aussi !

Tout le monde observe les girafes

Une partie des enfants présents.. il y en a à nous !

Pas facile de brouter, avec de longues longues pattes

 

La montagne marquant l’entrée du parc de waza

Nous décidons de repartir un jour plus tôt, samedi déjà, car Caroline souffre vraiment des températures extrêmes. Nous profitons du vendredi pour faire un peu le marché, surtout pour de l’artisanat : c’est très moins cher ici ! Les adieux, le Les jeux rassemblent tous les enfants !samedi, sont empreints d’émotion : il n’est jamais facile de se séparer, surtout lorsqu’on a été aussi bien accueillis. Nos enfants se sont très bien acclimatés, mieux que nous, et ils n’ont cessé de joué avec ceux deThierry et Martine, malgré la chaleur. Nous sommes plus qu’heureux de cette complicité naturelle ! Et Marie a pu prendre du temps avec sa marraine du Cameroun et lui poser des questions, puisque Martine était là le jour où Marie a été amenée à l’orphelinat de Ngaoundéré. Elle était donc bien placée pour répondre à des questions que Marie nous pose depuis qu’elle sait parler ! Marie et Gountou (”petit morceau” en fulfuldé)Notre fille a visiblement bien vécu ce moment, mieux que nous n’osions l’espérer ! Et elle a pu voir que d’autres enfants abandonnés, comme elle, ou orphelins de père ou de mère, ont  su trouver, à la maison d’accueil de Maroua, une vraie famille : tous appellent Martine et Thierry, de manière naturelle, “maman ” et “papa”.

C’est sans doute ce que nous retiendrons de notre séjour : nous avons été accueilli non par un orphelinat, mais par une vraie famille !

Marie et Martine

Merci à Rigobert, Achille, Gountou, Ada, Gloria, Henriette, Béa, Joseph, Mbrossi, Clarisse, Léa, Ndeboum, Soussia, Simon, Thierry et Martine pour leur formidable accueil !

Fêtons… la venue de l’Esprit !

pentecote01.jpgJe regrette parfois de ne pas être catholique… surtout lors de la fête de Pentecôte. Les Catholiques ont plus que les Réformés, me semble-t-il, le sens de ce moment important de l’histoire des Chrétiens. J’aime tout particulièrement penser que, depuis ce jour, nous avons l’assurance de ne plus jamais être seuls. C’est en effet ce que Jésus a promis à ses disciples : les sentant sans doute un peu perdus, après sa mort d’abord puis à l’idée de son Ascension, il leur promet de leur envoyer un compagnon, pour ne pas se sentir seuls et avoir quelqu’un capable de leur parler du Père et du Fils. Ce compagnon, c’est évidemment l’Esprit Saint…

La chapelle de l’hôpitalChez nos amis Thierry et Martine, à l’Extrême-Nord du pays, la messe de Pentecôte a commencé à 9h00… pour se terminer à 14h30 ! Rien de tel dans la paroisse de l’hôpital de Ngaoundéré : c’est pourtant un des jours traditionnellement retenu, avec Pâques et Noël, pour les baptêmes et confirmations. Mais ce jour-là se fut beaucoup plus calme. Un culte normal. Avec tout de même une belle prédication, bien énergique, sur l’Esprit qui doit résonner en nous et rendre nos actes cohérents avec nos paroles.

L’officiant, le pasteur Doudet

Les choristes de la Voix de l’espéranceComme toujours, le culte est rythmé par la liturgie, influence luthérienne oblige, et par les chants, soit entonnés par l’assemblée, soit exécutés par les chorales. “La Voix de l’espérance” se débrouille plutôt bien… Le culte aura duré une heure trente, ce qui est très raisonnable, n’est-ce pas !

Et pour paraphraser le pasteur Doudet, officiant du jour : “Que l’Esprit du Dieu d’amour réside désormais en vous !

Fêtons… le cinquantenaire !

La place de l’indépendance…lieu des festivités.1960-2010 : 50 ans d’indépendance du Cameroun. Cela se fête ! En tout cas au sud du pays, parce qu’ici au nord, les festivités n’ont pas parues bien différentes des autres années. Pour nous, l’expérience fut tout de même différente des précédentes puisque la classe de Marie devait défiler. Et un défilé, ça se prépare !

Les élèves furent donc convoqués pour une répétition générale le mardi 18 mai à 7h30 très précises. Marie, toujours très soucieuse de respecter les horaires, insista pour être bien à l’heure. Ce qui permet de se rendre compte qu’elle n’est pas encore très camerounaise, malgré quelques mois passés ici. Bref, à 7h30, évidemment, presque personne. Pas plus qu’à 8h00. Vers 8h30, il y a déjà beaucoup d’élèves, mais pas de professeurs. Ceux-ci arriveront vers 9h00. La répétition est dérangée ensuite par une belle averse. A 10h00, rien n’a encore débuté. Je commence à perdre patience : il fait chaud et le soleil tape fort !

A 10h30, je craque et je ramène ma fille à la maison. La répétition aura finalement lieu, sans elle, vers 12h00 pour finir à 14hoo !

Ruth et son délicieux foléré : 50 F le verre.Cela laissait augurer d’une belle pagaille pour le 20 mai, jour de la fête ! Le rendez-vous est toujours fixé à 7h30 ! Nous y allons en famille vers 8h45. La place de l’Indépendance est noire de monde, couvertes de marchands de nourriture, de friandises et de boissons. Notre amie Ruth Gazawa en profite aussi pour vendre son jus de folléré (oseil rouge), avec beaucoup de succès.

Caroline en compagnie de quelques jeunes musulmanes

Le Président de la République, Paul Biya

Vient ensuite l’attente, car il faut attendre que les premiers défilés, formels à souhait, aient eu lieu. Ce sont d’abord les militaires qui défilent en tenue d’apparat, devant les hautes autorités de la ville. Les enfants sont très impressionnés. Les forces de police suivent, avec une troupe de gendarme portant des masques à gaz… avec cette chaleur, un exploit.

Nathan et Marie Gazawa, bien placés sur le toit de l’ambulance

Reconnaissez-vous Marie ?Pendant ce temps, les écoles de la ville, représentées chacune par une cinquantaine d’élèves, se préparent et s’alignent. L’agitation monte… et le départ est donné. Au final, à peine quelques minutes de défilé, le temps de passer devant la tribune officielle. Mais une jolie expérience tout de même.

Les élèves de l’école pilote de la station

Marie et sa maîtresse

Pierre et Lucie, en tenue des GbayasAprès les écoles, ce sont les diverses corporations de la ville qui défilent. Cela va encore durer… nos amis Pierre et Lucie défilent en tenue avec un très grand groupe de leur ethnie, les Gbayas.

L’après-midi devait voir se tenir diverses activités festives, en particulier des matchs de foot. Mais la pluie s’est invitée, en belle quantité, et aura un peu gâcher la fête. Le soir, un feu d’artifice est tiré au centre-ville. Mais nous ne le verrons pas. Il fait trop froid, nous sommes restés à la maison !

Fêtons… la fin de l’école !

Nathan et Krystin, une copine NorvégiennePas une fin d’année scolaire camerounaise sans une fête ! La fin d’année de Nathan n’y aura pas coupé et la fête a eu lieu le 26 mai, avec 24 heures de retard. Nous avions prévu de partir ce jour pour l’extrême-nord, mais la maîtresse de Nathan, Léonie, nous a convaincu de rester pour ce moment important. Nous avons vite compris pourquoi…

Léonie, la maîtresse de Nathan en Maternelle

La journée s’annonçait nuageuse, ce qui nous arrangeait bien : il allait faire moins chaud et, comme les Blancs arrivent souvent à l’heure dite, nous n’allions pas trop souffrir du large retard… prévisible ! C’était sans compter le Une danse sur de la musique… moderne !retour du soleil, implacable, qui allait rapidement faire en sorte qu’un de mes bras vire au rouge vif. Et rapidement aussi, nous avons découvert que notre fiston est un gros cachottier ! Nous savions qu’il aurait à réciter une partie de la liste des régions du Cameroun avec leur chef-lieu : on les avait bien répété avec lui. Mais rapidement, Nathan s’est mis à être partout : une chorégraphie ? Il est là. Une poésie ? Il en est.  Une danse traditionnelle ? La jupette en rafia lui va si bien !

Une danse traditionnelle de l’ethnie Dii

Le plus amusant, ça a été de le découvrir dans le rôle du mari infidèle, puis repentant, dans un sketch sur les méfaits du SIDA : pas certain que des enfants de 5 ans comprennent tout. En tout cas, Nathan a promis à sa femme (dans le sketch, mais non, qu’allez-vous imaginer !!! 5 ans c’est TROP tôt… 10 ans je dis pas, mais 5 ans !) qu’il serait fidèle et n’irait plus en “mission spéciale”, alors que 2 minutes avant il lui déclarait qu’il parlait avec sa collègue, qu’il mangeait avec sa collègue, qu’il faisait TOUT avec sa collègue !

Notre amie Lucie est aussi venue assister à la fête

Un jeune diplômé… en vaillance !Dernière surprise lors de la remise des diplômes : certains enfants (une quinzaines sur plus de 100) ont reçu des diplômes pour féliciter des comportements particuliers. Nathan a reçu le “diplôme de la vaillance” pour son engagement au travail à l’école. Fierté des parents…. non, non, le fait que Nathan soit le seul garçon blanc n’y est pour rien !!!

Le temps de remercier les maîtresses, de récupérer le traditionnel cornet-surprise (popcorn et jus de folléré) et les travaux de notre fils, et départ pour Maroua… avec une escale à Garoua pour la nuit (et pour commencer à se réhabituer à la chaleur).

Kaï, y fait noir !!

On ne se rend vraiment compte que la nuit est noire que lorsqu’il n’y a plus de lumière… Lapalissade me direz-vous ! Essayez donc ! Pas facile d’être dans le noir absolu… sauf à Ngaoundéré. En effet, il arrive parfois que quelques pylônes à haute tension s’effondrent. Six pour l’occasion. Et donc, cela plonge toute une région dans le noir…

Soirée Jeux : une ambiance… conviviale.

Le plus amusant (ha, ha, ha), c’est que ce n’est pas vraiment la nuit que c’est le plus ennuyeux. Après 5 jours, nous sommes en mesure de vous offrir un petit tour d’horizon de quelques conséquences directes :

  • Corvée d’eauL’usine de captation d’eau a des pompes fonctionnant à … l’électricité. Donc plus de courant = plus d’eau. Heureusement, les Américains ont installé un forage à 100m de chez nous. Mais je vous laisse deviner avec quoi fonctionne la pompe qui alimente le réservoir d’eau… il faut donc un groupe électrogène. Il y a donc corvée d’eau… et comme tout le quartier vient aussi, on fait la queue. Ha non, pardon, il s ne savent pas ce que c’est ici. donc on se pousse, on passe devant,… stressant !
  • Notre frigo est mort… plus de beurre, de yaourt, de boissons fraîches, de nourriture bien conservées, de viande congelée, de glaces,…
  • La machine à laver des Norvégiens… ne lave plus. On lave donc à la main.
  • On ne peut plus étendre le linge à sécher dehors car il devrait être impérativement repassé (des mouches pondent des oeufs dessus)… et le fer à repasser est aussi au chômage.
  • L’ordinateur est relégué au rang de bel objet d’art… totalement inutile une fois la batterie épuisée. Décoratif, tout au plus…
  • Les relais de téléphonie mobile fonctionne encore (encore des groupes électrogènes), mais comment recharger la batterie de son portable. Nous, on a une petite cellule solaire pour le faire…
  • L’appareil photo fonctionne avec des piles rechargeables… que nous rechargeons peu à peu avec un chargeur solaire : compter 48 heures pour 2 piles.
  • Ancien et moderne : l’un des deux fonctionne encore !La nuit, évidemment, c’est plus flagrant. Aucune lumière. Aucune sono dans les bars. Pas de bière fraîche (bon, c’éest déjà souvent le cas habituellement). Alors on sort la lampe à pétrole, les bougies et… les lampes solaires IKEA destinées à l’orphelinat de Maroua. Bien utiles en ce moment…

Les chargeurs solaires des lampes IKEA

La compagnie d’électricité a fait l’effort de remettre le courant pour la Fête nationale (20 mai). Je vous écris ces lignes en profitant de ce “jus” inespéré. Des rumeurs persistantes affirment que la coupure reprendra demain vendredi et pourrait :

variante A : durer plusieurs jours, voire semaines.

variante B : avoir lieu chaque jour pendant les heures diurnes, l’électricité revenant la nuit.

Quoi qu’il en soit, c’est très rustique… une vraie expérience… une belle occasion de réfléchir, surtout lorsqu’il n’y a rien d’autre à faire pour moi avec tous les ordinateurs au chômage technique. Quelle dépendance à l’énergie !

Comme je ne sais pas quand et si je serai encore en mesure de remettre quelques nouvelles sur le site, je vous livre notre planning de fin de séjour :

- 27 mai, départ pour l’Extrême-Nord et visite de nos amis Thierry et Martine 8il fait encore plus de 40° chez eux !)

- 7 juin, retour à Ngaoundéré et dernier marathon avec nos amis.

- 17 juin, départ pour le sud du pays et tourisme… mais bon, c’est la saison des pluies !

- 28 juin, départ pour la Suisse depuis Yaoundé.

On ne désespère pas de vous donner encore des nouvelles. Revenez voir sur le site de temps à autre…

Un anniversaire en bonne compagnie

Comme ma femme aime bien passer des bons moments, elle a émis le souhait d’avoir tous nos amis camerounais autour d’elle pour ce 13 mai qui marquait un nouvel anniversaire dans sa, longue, vie. Et pour compliquer un peu l’exercice, pas question de fêter à la maison. Non, il fallait un lieu plus exotique. Voyons, voyons,…. ah tiens, les superbes chutes de Tello par exemple !

Les belles chutes de Tello

Nous disons donc : 14 personnes à déplacer, 50 km de piste en piteux état. Joli défi. Mais on l’a fait ! Il a fallu louer une grosse voiture aux Norvégiens (9 places) et notre ami Pierre a emprunté une autre 4×4, plus modeste, à une tante.

Le voyage aller n’a posé aucun problème et c’est  sous un joli soleil que nous avons découvert ces très belles chutes… bon soyons honnêtes, nous y sommes déjà venu il y a quelques semaines, mais on n’avait pas fait d’articles à ce moment. Le lieu remise de cadeauxa été aménagé il y a une dizaine d’année et un abri a été construit face aux chutes. Pratique, parce qu’il fait toujours moche à l’anniversaire de Caro. Et ça n’a pas raté ! Il s’est assez vite mis à pleuvoir. Nous avons pu pique-niquer à l’abri, offrir quelques cadeaux et voeux et visiter les environs sous une petite pluie, pas trop dérangeante. La température avait toutefois bien chuté. Ce fut un joyeux moment, avec nos meilleurs amis d’ici. Un beau souvenir !

Nos amis du Cameroun et leurs enfants

Le retour fut plus sportif. Comme il avait beaucoup plu dans l’après-midi, la route était bien boueuse. Comme l’Afrique, c’est forcément l’aventure, la voiture de Pierre a surchauffé et est rapidement tombée en panne. Il a donc fallu rentrer par petites étapes en remettant de l’eau régulièrement dans le radiateur. Mais comme il fallait une cerise sur le gâteau, un camion m’en rentré dedans, ne cassant heureusement que le rétroviseur. Autre cerise, un pneu de la voiture était à plat le lendemain matin…. Pas facile les voitures en Afrique !

Caroline a donc soufflé ses 36 bougies en bonne compagnie… ah ben non, vous, vous n’étiez pas là ! L’année prochaine ?

Caroline devant les chutes de Tello

Retour aux sources

Vous êtes plusieurs à nous remercier pour nos nouvelles données via ce blog. Evidemment, vu de l’extérieur, notre vie camerounaise paraît bien légère, remplies de bières (pas fraîches) et de ballades auprès des girafes !
Il n’en est rien ! Il y a aussi des moments plus forts, qui étaient pleinement au coeur de notre projet. Depuis le début, nous souhaitions faire découvrir le pays à nos enfants. C’est tout de même un peu notre seconde patrie… de coeur. Et pour Marie, il s’agit tout de même de son pays de naissance. L’enjeu était de taille, d’autant plus que Marie a mis des mois à admettre que nous allions partir, puis encore des mois avant d’accepter que nous partions. Et elle a péniblement commencé à y voir du positif quelques semaines avant le départ.
Nous redoutions passablement sa réaction lors de l’arrivée sur sol camerounais. Surtout ques les débuts à Yaoundé furent un peu chaotique, Afrique oblige ! Mais nous avons vu notre fille accepter rapidement de s’ouvrir, particulièrement aux autres enfants de son âge. Nous l’espérions. Nous souhaitions vivement qu’elle puisse, en allant à l’école ici, découvrir la réalité des enfants de son âge dans cette région du Cameroun. Et même si elle fréquente beaucoup, pour jouer, une Norvégienne de son âge, elle a plusieurs bonnes copines camerounaises et a adopté rapidement leurs jeux. En particulier, elle est devenue très forte en stylisme… pour poupée de papier : elle dessine des poupées en papier et les vêtements, interchangeables, qui vont avec. Les copines lui passent même parfois des commandes ! Bref, côté vie sociale, notre fille ne s’ennuie guère…

Le Foyer de Charité, orphelinat jusqu’en 2003

Il restait une étape… et non des moindres : retourner sur les lieux de ses premières heures de vie, à l’orphelinat du Foyer de Charité. Depuis 9 semaines que nous étions au Cameroun, nous n’en avions jamais parlé avec elle. Mais lors d’une promenade, notre ami Pierre nous a proposé d’aller « en direction du Foyer de charité ». J’ai alors vu Marie pâlir, se renfermer et avoir finalement les larmes aux yeux. Je lui ai dit que nous n’irions pas là-bas avant qu’elle ne le souhaite, mais que cela faisait clairement partie de son histoire. Ce à quoi Nathan a répondu : « Oooohhhh, pourquoi le Foyer ça fait partie de l’histoire de Marie et pas de la mienne !!! ».

Un bel endroitDeux jours plus tard, Marie m’a dit y avoir réfléchi : elle voulait bien qu’on y aille le samedi suivant. C’est donc ce que nous avons fait dans l’après-midi. Le Foyer de Charité Ste-Thérèse se trouve sur une colline, à l’autre bout de la ville par rapport à notre station missionnaire. C’est un bel endroit, très arborisé, où nous avions eu l’occasion d’aller en retraite avec Caro. En 2001, le Foyer accueillait encore des orphelins, mais l’évêque du lieu avait préféré, en 2002, fermé l’orphelinat pour redonner un peu de quiété à ce lieu dédié à l’accueil. Bon, les enfants n’étaient pas très turbulents… Marie a dû être un des derniers enfants accueilli au Foyer en 2001.

Marie, pas très à l’aise au départ…

foyer05.jpgEn arrivant au Foyer, nous avons trouvé quelques soeurs, qui n’étaient pas là en 2002, mais qui connaissaient tout de même les celles de l’époque et parfois aussi certains enfants. Elles ont été touchées de voir Marie revenir voir les lieux de ses quatre premières semaines de vie. Marie, quant à elle, était visiblement touchée, plutôt renfermée, pensive… Nous avons un peu visité, parlé avec le Père responsable, été jeté un coup d’oeil à la menuiserie où travaillait notre ami Thierry. En partant, Marie s’était bien ouverte, souriant, recevant joyeusement un gros sacs de mangues offertes par les soeurs.

La maison où Marie a passé ses premières semaines

Marie, plus décontractée après un moment


Au final, c’est une étape supplémentaire pour notre fille. Qui s’est passée visiblement dans le calme. Elle aura encore pas mal d’autres choses à gérer par rapport à son histoire, mais nous sommes heureux d’avoir été avec elle pour celle-là…